« Heliosfera » de Vania Vaneau fait danser la lumière
Énergie vitale, diffraction chromatique, [...]
Danse - Entretien / Frédérique Latu
Avec 35 équipes artistiques invitées dans 26 lieux différents pour 50 rendez-vous et 17 créations sur un mois, Les Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis voient grand ! Frédérique Latu nous en livre ses secrets.
Quelle est la couleur de cette édition 2024 ?
Frédérique Latu : Cette édition met l’accent sur les créations et la diversité chorégraphique avec de jeunes générations et des artistes plus confirmés, ce qui donne une couleur très en phase avec l’actualité de la danse. Notre ambition est une démarche très affirmée, voire radicale, et nous avons la chance d’avoir des partenaires très différents. De la MC 93 de Bobigny qui peut accueillir les 60 danseurs de Drumming XXL d’Anne Teresa De Keersmaeker et Clinton Stringer, à l’Échangeur de Bagnolet ou aux Laboratoires d’Aubervilliers qui peuvent supporter des projets plus confidentiels avec leur jauge d’une centaine de places. Il est capital de pouvoir proposer des formats généreux qui transmettent le plaisir de la danse à des spectateurs qui viennent pour la première fois, comme Hatched Ensemble de Mamela Nyamza, ou les vingt danseurs autodidactes plein de singularités de Témoin de Saïdo Lelouh, mais tout aussi important de présenter des propositions familiales, dans les espaces publics accessibles aux habitants de Seine-Saint-Denis, comme Pol Jiménez dans un petit parc à Montreuil ou notre partenariat avec le CN D pour Un kilomètre de danse.
Comment choisissez-vous les artistes que vous invitez ?
J’aime que les pièces puissent faire débat, soient très poreuses aux défis artistiques et aux thèmes qui traversent notre société. J’apprécie aussi que l’on puisse tisser des parcours dans la programmation. Par exemple, il y a un fil rouge qui s’est imposé à nous autour de la vulnérabilité de l’existence, de la perte, du deuil que l’on peut retrouver dans After All de Solène Weinachter, La Rose de Jericho de Magda Kachouche, Insel de Ginevra Panzetti et Enrico Ticconi, ou About love and death… élégie pour Raimund Hoghe d’Emmanuel Eggermont. Il est aussi possible d’imaginer tout un parcours autour de la décolonisation, avec Betty Tchomanga, Mamela Nyamza, Smaïl Kanouté, ou d’artistes qui refusent les assignations comme Mallika Taneja, Lukas Avendaño ou Bruno Freire. Ce sont pour moi des choses importantes à défendre, d’autant plus en Seine-Saint-Denis où vivent cette pluralité de populations de toutes nationalités et une jeunesse bouillonnante, où la question de se réapproprier ses propres identités, ses propres cultures, sans subir celles qui sont imposées, est si brûlante.
Propos recueillis par Agnès Izrine
Tél. : 01 55 82 08 00.
Énergie vitale, diffraction chromatique, [...]
Pour le programme Chaillot Expérience #8 [...]