Les Flamants roses
Une démarche aussi réjouissante que [...]
Avec cette nouvelle création, Yuval Pick continue l’exploration d’une danse mouvementée, en prenant ici le parti d’une recherche autour du folklore.
On reconnaît en Yuval Pick un des grands interprètes de la danse d’aujourd’hui : il a traversé les projets chorégraphiques d’artistes tels que Carolyn Carlson, Russell Maliphant ou Ohad Naharin. Avec eux, il a pu faire confiance au mouvement dansé poussé dans sa plus belle expressivité. Ses travaux personnels mettent quant à eux à rude épreuve le corps de ses interprètes, poussés aux accélérations dans une danse ciselé et fiévreuse. Aujourd’hui, sa nouvelle pièce n’est en rien le contrepied de cette démarche ; pourtant, elle puise son inspiration dans des formes plus archaïques pour modeler un objet qui reste le reflet du siècle en marche. Dans son parcours, Yuval Pick revendique la période où il pratiquait la danse folklorique israélienne, de l’âge de six à dix-huit ans. Une étape essentielle au moment de l’éclosion de Yuval Pick en tant que danseur, et qu’il réinterroge aujourd’hui à travers Folks. Le spectacle débute en effet par la mise en scène, au sens littéral du terme, d’une farandole de danseurs que l’on reconnaît directement issue d’une danse folklorique.
Folklore contemporain
Ils se tiennent par la main, sautillent en rondes entrainantes et dans des pas chassés ou glissés caractéristiques. Les rythmes, les gestes, les claquements de doigts ou de mains sont autant de citations, autant de moments volés au danses qui s’épanouissent sur les places publiques et dans lesquelles s’engouffrent les membres d’une communauté jusqu’à la transe. La proposition chorégraphique évolue au fil du spectacle, poussant plus loin les danseurs dans le rythme, dans le geste qui se casse, dans les combinaisons qui écrivent une autre histoire du groupe et de l’individu. Malgré cette recherche substantielle autour de la communauté et du vivre ensemble, Yuval Pick ne parvient pas à dépasser la force de ce qu’est en elle-même la danse folklorique, communautaire par excellence, et la tentative d’une écriture contemporaine passe, à côté, pour fabriquée. Même son jardin d’Eden, qui clôt le spectacle sur une note lumineuse, en paraît surfait, comme ces rires qui surgissent lorsque les femmes se réunissent.
Nathalie Yokel
Une démarche aussi réjouissante que [...]