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Zakariya Gouram questionne la monstruosité

Zakariya Gouram questionne la monstruosité - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 juin 2007

Zakariya Gouram met en scène les affres de la sorcière de Colchide, ce
gerfaut monstrueux qui transforme son nid en charnier, et interroge les limites
de l’humain.

« Ce qui m’a toujours intéressé, c’est le point où l’humain bascule dans
l’inhumain : comment naît un monstre ? Ce point de bascule est très bien décrit
par le personnage de Médée, cette étrangère qui a tout sacrifié pour un homme
qui décide de l’abandonner pour une autre : en elle quelque chose implose et
elle décide de tuer tous ceux qui entourent Jason, jusqu’à ses enfants. Elle
présente son geste de façon très logique : je prends tout, je pars avec tout. On
pourrait presque considérer que son geste est biologiquement logique, mais à
quel endroit est-il social, moral, et jugeable par la loi des hommes ? Je ne
sais le dire et le théâtre est justement ce qui me permet de le palper, de le
définir et de faire en sorte que le public ne le reçoive pas seulement de façon
cérébrale. Le théâtre est l’endroit où éprouver ces choses qu’on s’interdit
d’explorer dans la vraie vie. »

Un travail centré sur le texte et l’acteur

« Avec Marie Payen, qui joue Médée, nous avons cherché ensemble un chemin de
travail pendant cinq ans. En tant que metteur en scène, je n?ai jamais cessé
d’évoluer vers une toujours plus grande symbiose avec les acteurs. C’est
l’acteur qui perturbe l’espace, qui provoque l’émotion dans une remise en doute
quotidienne. Je veux des acteurs poussés au maximum de leur fonction, dans
l’action, comme l’indique l’étymologie de cette fonction, et pas seulement dans
l’obédience. Jean-Louis Martinelli m’avait donné ma chance comme acteur et me
l’a donné à nouveau comme metteur en scène et j’ai voulu aboutir chez lui ce
travail qui reconnaît l’énergie qu’on a pu mettre à croire qu’on pouvait occuper
le terrain en banlieue en y faisant de l’artistique et pas seulement du social,
qu’on pouvait grandir dans ces endroits-là et y rester pour les magnifier.
Monter cette pièce à Nanterre couronne autant un processus de travail long et
exigeant qu’une trajectoire personnelle. »

Propos recueillis par Catherine Robert

Médée, de Sénèque ; texte français de Florence Dupont ; mise en scène de
Zakariya Gouram. Du 9 mai au 8 juin 2008 à 20h30 ; le dimanche à 15h30.

A propos de l'événement



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