Julie Recoing : Le théâtre bille en tête
La jeune comédienne et metteur en scène monte Phèdre, de Sénèque.
Nièce d’Alain Recoing, grand maître marionnettiste, cousine d’Aurélien,
comédien et d’Eloi, metteur en scène et traducteur, Julie tempère tout de suite
le mythe d’enfant de la balle. Fille de médecin, elle a découvert très jeune
l’ivresse du théâtre, côté salle, avant de franchir la rampe. D’ateliers en
stages, bac en poche, elle passe un an dans le studio de Jean-Louis Barbaz, pose
un pied à l’Ensatt, avant d’entrer au Conservatoire national. Elle y apprend son
métier de comédienne, y fourbit aussi ses premières armes de metteur en scène.
Julie Recoing aime les aventures, celles qui la portent, celles qu’elle emmène,
elle aime les émotions fortes, faire, jouer et mettre en jeu, se colleter la
matière du théâtre à bras le corps, creuser dans les veines souterraines des
?uvres pour en extraire la sève.
Un sacré tempérament
Elle parle avec bel appétit des délices du verbe, savoure sans retenue les
vers claudéliens, dévore les textes fondateurs : « Les histoires de famille,
les figures mythiques, les femmes en proie à la société des hommes, la question
de l’héritage, de la fatalité des traumas : ces thèmes m’ont toujours attirée. »
Pourquoi Phèdre ? Parce qu’elle est tombée amoureuse du texte, pardi !
Elle a beaucoup gambergé, dit-elle, puis s’est lancée, bille en tête, avec une
équipe de comédiens qu’elle connaît bien. « Je vois Phèdre comme une femme
qui s’ennuie, reine prisonnière d’un ordre social aseptisé. La tragédie est
l’impossible libération de sa condition insoutenable. Ce qui m’intéresse
est le passage d’une apparence d’humanité à une réalité monstrueuse, la
transformation des êtres, les personnages, mais aussi les spectateurs, sous
l’action du tragique. » Un théâtre qui vise droit au c’ur?
Gwénola David
Phèdre, de Sénèque ; mise en scène de Julie Recoing. Du 21 mars au 18
avril 2008 à 20h30 ; le dimanche à 15h30.