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Anne Caillère : transformer le temps en volume

Anne Caillère : transformer le temps en volume - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 juin 2007

Anne Caillère s’empare de Clara 69, de Gildas Milin, et interroge la
question du ratage intime et celle de l’enfermement mental, physique et
existentiel.

De Clara, on ne sait pas grand chose objectivement, sinon qu’elle est née à
Marseille, qu’elle est enfermée au mitard de Fleury-Mérogis et qu’elle est en
train d’y mourir d’une fausse-couche. « Il n?a jamais été question
d’investiguer sociologiquement »
sur l’univers carcéral et « encore moins
d’en faire une restitution scénique »
, dit Anne Caillère : « un tel
plagiat aurait relevé du non-sens »
. La question qui intéresse la créatrice
et interprète de ce spectacle est celle de la façon dont un esprit fragile, un
corps malade ou un être emmuré parviennent à habiter l’espace contraint de leurs
enfermements. Pour échapper aux rets du réel, Clara s’évade mentalement. « On
la suit dans ses envolées fantasmatiques et sa volubilité
, remarque Anne
Caillère. Elle explore des images, se construit des mondes, travestit son
moi »
et use de la littérature comme ligne de fuite.

Convoquer une réalité existant au-delà de son invention

Enfermée au mitard, Clara se trouve dans un espace totalement aveugle d’où
toute représentation est bannie au profit de la seule présence, présence qu’Anne
Caillère incarne depuis « un endroit de jeu extrêmement ténu, pas facile à
attraper, un endroit de voix qui ne soit pas si petit qu’on soit dans
l’ordinaire banal et en même temps qui soit un endroit d’intensité non
spectaculaire »
. La salle du Planétarium, qui offre un rapport très serré et
très actif entre la scène et la salle, accueille de manière privilégiée le
dispositif inventé par l’équipe de création pour faire naître les mondes
inventés par Clara, qui tâche, à l’instar de Jean Genet dont la phrase sert
d’exergue au spectacle, de « transformer le temps en plusieurs volumes »
et de chercher les formes de la beauté malgré le ratage intime de sa vie. Pour
Anne Caillère, il ne s’agit pas de montrer la catastrophe mais de « suivre
Clara qui a rompu les liens de sympathie qui la reliait au monde sur le chemin
de son erreur »
en créant le réel de son imaginaire et de ses poèmes
intimes.

Catherine Robert

Clara 69, de Gildas Milin ; spectacle conçu et interprété par Anne
Caillère. Du 23 novembre au 21 décembre 2007 à 21h ; le dimanche à 16h.

A propos de l'événement



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