Myriam Boudenia aborde de façon sensible la question taboue de la souffrance mentale des jeunes en une chanson de geste contemporaine qui hybride les écritures, les musiques et les registres.
« Le spectacle raconte l’épopée de Viviane, seize ans, qui doit retourner au lycée après un séjour en hôpital psychiatrique. Fan d’heroic fantasy, qui irrigue la culture des adolescents d’aujourd’hui, elle cherche l’épée magique, sorte de Graal à conquérir pour sortir de sa chambre. J’interviens souvent auprès de jeunes et, après le confinement, j’ai pris conscience de leur détresse, bien différente d’un simple malaise. On n’a pas envie que nos enfants aillent mal : cette détresse est taboue et la société ne se donne pas les moyens de la soigner. J’ai eu envie de la raconter en l’associant à la geste médiévale, peuplée de merveilles et de rencontres extraordinaires.
Un voyage mental
J’ai travaillé avec Éloïse Decazes et Julien Vadet, qui jouent avec Pauline Drach et moi-même. Ils ont composé une musique hybride. À l’instar de Viviane qui « va vers son risque », comme disait René Char, nous sommes allés, au plateau, vers des choses que nous ne savions pas forcément faire, dans une forme d’artisanat revendiqué, en pariant sur la solidarité. Hybridation des époques, des registres, décalage et mystère : nous avons voulu un spectacle sensible qui travaille l’émotion. Il s’adresse aux adolescents, mais aussi à leurs parents, pour créer des espaces de compréhension, avec différents niveaux de lecture et sans aucun surplomb. »
Propos recueillis par Catherine Robert
