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Focus -325-3ème édition de Courts-Circuits : une fenêtre ouverte sur la vitalité des compagnies de la région Auvergne-Rhône-Alpes

Une édition qui laisse une place prépondérante aux artistes femmes qui regardent notre monde, rencontre avec Benoît Lambert et Sophie Chesne

Une édition qui laisse une place prépondérante aux artistes femmes qui regardent notre monde, rencontre avec Benoît Lambert et Sophie Chesne - Critique sortie  SAINT ETIENNE Comédie de Saint-Etienne - Centre Dramatique National
(© Valérie Borgy) : Sophie Chesne et Benoît Lambert, directrice adjointe et directeur de la Comédie de Saint-Etienne.

Entretien

Publié le 24 septembre 2024 - N° 325

Arrivés à la Comédie de Saint-Etienne en 2021, Benoît Lambert et Sophie Chesne (respectivement directeur et directrice adjointe) ont fait de Courts-Circuits un rendez-vous attendu de la saison théâtrale. Pour sa troisième édition, ce temps fort dédié à la jeune création affirme plus que jamais ses envies d’échanges et de dialogues.

Comment, en trois ans, les Rencontres théâtrales de Saint-Étienne et de la Loire ont-elles évolué ?

Benoît Lambert : Je crois que cette manifestation a trouvé sa place dans le paysage stéphanois. Nous observons un véritable engouement de la part du public. Les professionnels, eux aussi, viennent de plus en plus nombreux, ce qui est l’occasion de croisements, de rapprochements, de partages… Et puis, d’autres théâtres de la métropole nous ont rejoints (ndlr, le Centre culturel Le Sou à La Talaudière, le Chok Théâtre à Saint-Étienne, l’Espace culturel La Buire à L’Horme, La Trame à Saint-Jean-Bonnefonds, la Saison culturelle de Saint-Chamond, la Saison culturelle de Saint-Genest-Lerpt). Cela nous permet de proposer un ensemble de spectacles très variés. Je trouve ce débordement vraiment intéressant. Nous avons également créé une passerelle avec nos camarades lyonnais autour du Prix Incandescences.

Sophie Chesne : Nous allons ainsi accueillir, cette année, le vainqueur du Prix Incandescences 2023 : Rakatakatak – C’est le bruit de nos cœurs, de Logan De Carvalho. Pour nous, il est toujours important d’être en dialogue avec notre environnement, en complémentarité, et surtout pas en concurrence. À travers Courts-Circuits, nous souhaitons resserrer les liens entre les structures, échanger des idées, imaginer des synergies porteuses et constructives…

B.L. : Mine de rien, élaborer des coopérations entre Lyon et Saint-Etienne, c’est quasiment révolutionnaire ! En dehors du théâtre, rares sont les domaines qui créent de l’harmonie entre ces deux villes… !

Quels sont les axes mis en avant dans cette nouvelle édition ?

S.C. : D’abord, sur les six spectacles que nous programmons cette année, cinq sont portés par des artistes femmes. Le soutien aux créatrices est l’un des engagements forts de Courts-Circuits, comme de l’ensemble du projet que nous défendons à la Comédie de Saint-Etienne. Ensuite, il faut rappeler que ces Rencontres Théâtrales sont dédiées aux écritures contemporaines. Elles mettent ainsi en lumière de nombreuses autrices.

« Il y a, dans Courts-Circuits, une volonté de privilégier les projets qui (…) portent un regard aigu sur le monde dans lequel nous vivons. »

B.L. : J’ajouterai que les propositions que nous soutenons sont écrites pour des actrices et des acteurs. Elles placent les interprètes au cœur du geste théâtral. Il y a, dans Courts-Circuits, une volonté de privilégier les projets qui parlent d’aujourd’hui, qui portent un regard aigu sur le monde dans lequel nous vivons. Ces regards s’expriment essentiellement par le biais de fictions. J’ai l’impression qu’après la période du théâtre post-dramatique, qui privilégiait la voie du documentaire, nous revenons aujourd’hui à un théâtre de narration, un théâtre qui éclaire le réel par le biais de la fable.

Avant Courts-Circuits, vous présentez votre première mise en scène dédiée aux jeunes publics. Pouvez-vous nous présenter ce projet intitulé Au début… ?

B.L. : C’est pour moi un rendez-vous assez émouvant. Par le passé, j’ai créé plusieurs spectacles autour de la préhistoire, de la question de l’hominisation. J’ai alors découvert que les enfants qui assistaient à ces spectacles qui ne leur étaient pas destinés, des spectacles nourris d’humour noir, étaient absolument fascinés par le sujet. Je me suis dit qu’il devait être possible de leur raconter quelque chose sur l’histoire de notre espèce sans entrer dans un cynisme anthropologique fondamental, en gardant espoir en l’avenir.

Pour cela, vous avez imaginé une cabane qui ressemble à une caverne…

B.L. : Oui. C’est à l’intérieur de cette construction hybride que s’installent les enfants. Une comédienne et un comédien sont là, avec eux (ndlr, Maud Meunissier et Théophile Gasselin). Leurs deux personnages se mettent à parler de la préhistoire, à jouer au paléolithique, à se demander ce qu’était la vie à l’époque. C’est un spectacle entre récits et expériences, comme une leçon de choses, avec l’idée de la ruine de la société industrielle, mais aussi d’un futur peut-être plus lumineux… J’ai eu envie de créer un moment ludique, qui ose l’ellipse, l’allusion, qui travaille davantage par évidement que par adjonction. C’est très impressionnant de s’adresser aux enfants.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Au début…
du jeudi 10 octobre 2024 au mardi 22 octobre 2024
Comédie de Saint-Etienne - Centre Dramatique National
Place Jean-Dasté, 42000 Saint-Etienne.

Tél. : 04 77 25 14 14.

www.lacomedie.fr

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