De Taiwan à l’Australie, avec le Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan et son chorégraphe Cheng Tsung-lung et Dancenorth Australia et les chorégraphes Kyle Page et Amber Haines
Le public a rarement l’occasion de se rendre [...]
Focus -277-Chaillot ~ Théâtre national de la Danse / saison 2019~2010
Après l’extravagant Skid, Damien Jalet revient à Chaillot avec Vessel, un nouvel opus sculptural et sensuel.
« J’ai découvert le travail de Kohei Nawa alors que j’étais en tournée au Japon en 2013. Ce fut un véritable coup de foudre artistique. Je n’avais qu’une envie, le rencontrer, afin que l’on travaille ensemble. L’en convaincre fut assez compliqué mais j’ai finalement réussi et nous avons candidaté ensemble à la Villa Kujoyama, l’équivalent de la Villa Médicis. Cela a été pour nous l’occasion de quatre mois d’exploration partagée. Ce qui m’intéressait était que nous développions un langage commun à l’intersection de nos deux pratiques. J’aime beaucoup l’ambivalence qui existe entre la danse et la sculpture. Si la sculpture est ce qui se rapproche le plus de l’éternité, la danse, au contraire, est peut-être l’art le plus éphémère. Mais en même temps les deux ont un rapport avec le corps et avec l’énergie. Le sculpteur contient l’énergie dans une œuvre immobile, tandis que le chorégraphe la libère.
Fusion entre danse et sculpture
Dans son travail, Kohei Nawa a une approche presque scientifique, très centrée sur la cellule, sur le fait que l’unité est formée de millions d’entités. Ensemble, nous nous sommes autant inspirés de faits scientifiques que de la mythologie, notamment de textes relatant la création du Japon à partir d’une sorte de boue solidifiée. L’eau, omniprésente et très ritualisée au Japon, nous a aussi beaucoup inspirés. Nous aimions le fait qu’elle soit à la fois scientifiquement source de toute forme de vie et mythologiquement associée à la mort. Nous avons travaillé le corps comme une matière sculpturale, nous demandant quand on arrêtait de le percevoir comme humain, quand il commençait à suggérer d’autres choses. Cacher la tête des danseurs nous a permis de faire disparaitre leur identité et donc d’autoriser de multiples projections. Kohei est venue avec une matière fascinante appelée katakuriko. Elle est solide quand on la manipule et se liquéfie quand on arrête. Comme il fallait la contenir, il a créé ce navire, ce vessel, une sorte de sculpture comme faite de matière volcanique. Finalement, nous n’avons cessé de travailler sur des entre-deux, des ambivalences, des contrastes, entre danse et sculpture, Eros et Thanatos, résistance et abandon, liquide et solide, humain et non humain. »
Propos recueillis par Delphine Baffour
Tél. : 01 53 65 31 00.
Le public a rarement l’occasion de se rendre [...]
Directuer des lieux, Didier Deschamps [...]