Sofi Jeannin : l’aisance et la clarté
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Focus -231-FESTIVAL DE SAINT~DENIS 2015
Myung Whun Chung dirige le Chœur et l’Orchestre philharmonique de Radio France dans le Requiem de Verdi. En solistes de cette messe très théâtrale, la fine fleur du chant verdien : Patrizia Ciofi, Varduhi Abrahamyan, Charles Castronovo et Michele Pertusi.
Une messe en habits de théâtre ? Assurément. D’ailleurs, après sa création en l’église San Marco de Milan, la Messa da Requiem, écrite à la mémoire de l’écrivain Alessandro Manzoni, est immédiatement redonnée… à la Scala de Milan, avant d’être présentée en tournée à Paris (sept concerts à l’Opéra Comique), à Londres (Royal Albert Hall) ou à Vienne (Théâtre de la Cour). Et pour la création, qu’il dirige lui-même, Verdi réunit les solistes pour qui il avait écrit Aïda deux ans auparavant. S’il y a bien une dramaturgie dans le Requiem de Verdi, elle épouse strictement le texte liturgique et s’appuie uniquement sur la puissance de l’écriture vocale, chorale et orchestrale – même si certains se sont essayés, dès les années qui suivirent la création de l’œuvre, à le mettre en scène. La force réside dans l’amplitude des moyens expressifs mis en œuvre. Verdi, ici comme dans ses opéras, joue énormément des contrastes.
Puissance de l’écriture
C’est le cas particulièrement de la Séquence (Dies Irae), le plus long mouvement du Requiem (il dure à lui seul près de quarante minutes). Il s’ouvre sur une terrifiante peinture, fortissimo, du Jugement dernier, par le chœur et l’orchestre au complet, entraînés dans une course à l’abîme soulignée par les timbales et l’ophicléide. Mais le tumulte laisse place par endroits à des airs ou des récitatifs entrecoupés de silences. L’auditeur, au long de l’heure et demie que dure l’exécution, passe véritablement par toutes les émotions – et s’il y a du religieux dans cette œuvre, c’est avant tout par sa capacité à captiver toute une salle, interprètes et public confondus, autour d’une mise en musique aussi éclatante du texte de la messe des morts. Myung Whun Chung n’aime rien tant que la musique portée par une profonde dimension mystique, pas nécessairement réductible au sentiment religieux. Son goût pour l’œuvre de Messiaen (on se souvient de ses interprétations de Saint-François d’Assise) en témoigne. Parmi les ouvrages lyriques de Verdi, c’est d’Otello, l’opéra le plus mystique, qu’il est le plus proche. Nul doute que l’énergie et la puissance du souffle que le chef coréen sait tirer des musiciens de l’Orchestre philharmonique de Radio France sauront faire de cette Messa da Requiem un moment d’émotion musicale intense.
J.-G. Lebrun
Les 23 et 24 juin à 20h30.
Festival de Saint-Denis, rue de la Légion d’Honneur, 93200 Saint-Denis. Du 4 juin au 2 juillet 2015. Tél : 01 48 13 06 07.
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