La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -155-tarmac

Valérie Baran

Valérie Baran - Critique sortie Théâtre
photo : Valérie Baran Mention photo : Eric Legrand

Publié le 10 février 2008

bouleversante pluralité

Valérie Baran, directrice du TARMAC, entame sa quatrième saison à la tête de cette maison dédiée à la création francophone dont la programmation allie les genres, les influences et les talents.

La saison 2008 s’intitule « Mondes ». Pourquoi ?

Valérie Baran :
Parce que le monde est un et pluriel à la fois : comme le dit Arendt, « la pluralité est la loi bouleversante de la terre ». En voyageant pour aller rencontrer des artistes ou en voyageant sur place, en les accueillant au TARMAC, j’ai compris que leurs histoires et leurs aventures artistiques composent une partie de la marche de l’humanité. Il est vrai que le monde va mal et à cet égard, je ne suis pas une grande optimiste, mais en même temps beaucoup de gens essaient de poser un regard sincère, authentique, critique sur le monde. Ecce homo, disent les artistes : voilà l’homme, dans sa multiplicité, avec, en lui, le meilleur et le pire. Et cette multiplicité nous traverse, nous confronte à l’autre et nous offre les moyens d’apprendre à devenir nous-mêmes.
 
Vous refusez, dites-vous, que le TARMAC soit considéré comme un cabinet de curiosités…

V. B. :
Je veux surtout qu’il ne soit pas un lieu folklorique. Quand on montre les gens dans leurs différences, on alimente souvent la pensée qu’ils ne s’inscrivent pas dans l’Histoire. Or de même que la danse folklorique bretonne n’éclaire pas l’état dans lequel vivent les Bretons aujourd’hui, les folklores exotiques ne disent rien du contemporain. C’est donc aussi les ressemblances qu’il faut montrer, la proximité et l’apport mutuel des pensées et des cultures, le fait que le monde est devenu minuscule. Il s’agit d’éviter absolument la curiosité maladive qui cristallise les différences comme autant de remparts. En ce sens, le TARMAC est un théâtre engagé puisqu’une des fonctions importantes du théâtre est justement d’être le miroir du monde.
 
 « Une des fonctions importantes du théâtre est justement d’être le miroir du monde. »
 
La réduction des budgets alloués au TARMAC ne met-elle pas cet engagement en péril ?

V. B. :
Le TARMAC n’est absolument pas soutenu par l’Etat à la hauteur des déclarations d’intention du gouvernement. L’amputation de notre budget met en péril notre programmation et l’existence même de cette maison. Alors qu’on nous félicite en trouvant notre travail exemplaire, alors que nous oeuvrons sur le terrain, à l’étranger, pour le rayonnement de la France, nous sommes victimes d’une politique d’étouffement : il faudra bien que l’Etat français assume ses contradictions et la garrotte espagnole qu’il nous inflige sans oser l’avouer !
 
Vous lancez en janvier une collection en collaboration avec Lansman Editeur. Pourquoi ?
V. B. : Parce que nous jouons souvent des textes inconnus que les spectateurs nous réclament. Parce que le TARMAC est un lieu d’émergence pour les auteurs. Et surtout parce que nous lisons parfois, dans le comité de lecture que j’ai créé, des choses excellentes que nous voudrions faire découvrir au public. Nous avons donc décidé, avec Emile Lansman, de créer une collection. Deux premiers ouvrages sont publiés en janvier : L’Oeil du cyclone, de Luis Marqués et A petites Pierres de Gustave Akakpo.
 

Propos recueillis par Catherine Robert


A propos de l'événement



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