La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -144-2e2m

Une musique en mouvement

Une musique en mouvement - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 janvier 2007 - N° 144

Au cours de la deuxième moitié du xxe siècle, et singulièrement depuis les années soixante-dix, la danse s’est émancipée de […]

Au cours de la deuxième moitié du xxe siècle, et singulièrement depuis
les années soixante-dix, la danse s’est émancipée de ses traditions musicales,
abandonnant le plus souvent le grand orchestre. En même temps, elle se
découvrait des connivences avec d’autres mondes sonores et s’inventait de
nouveaux modes de narration. Concurrencés par les musiques nouvelles, le disque,
le texte et l’électronique, les compositeurs ont dû alors se poser les questions
d’une écriture chorégraphique. Il leur faut donc inventer une musique qui dise,
contredise, interprète ou devance le mouvement des corps. La musique devient
pour le chorégraphe source d’inspiration, d’interrogation surtout. La
collaboration, prématurément interrompue hélas, de Frédéric Durieux et du
chorégraphe Dominique Bagouet au début des années quatre-vingt-dix a ici valeur
d’exemple.

Une poétique des corps et des sons

Pour son spectacle L’Enchantement d’écho, commande de la Biennale de
Danse du Val-de-Marne, la Compagnie de l’Entre-Deux revisite l’?uvre de Gérard
Pesson. Le compositeur, né en 1958, s’inscrit dans une certaine parenté avec
l’Allemand Helmut Lachenmann, pour qui : « l’action instrumentale sert l’idée
sonore précisément notée, mais elle ne disparaît pas derrière elle ; le résultat
sonore veut au contraire attirer l’attention, à travers une corporéité
particulière, sur le geste qui la sous-tend »
. Chez Pesson, comme chez
Lachenmann, la théâtralisation du corps de l’interprète se prête naturellement à
la danse. Il n?y a qu’un pas’ qu’a franchi le chorégraphe Daniel Dobbels en
s’emparant de Rescousse (2004) pour petit ensemble.

La démarche est assez proche chez Ryoji Ikéda et Mié Coquempot, qui
proposent, sous le titre Aléa, un spectacle réunissant leurs créations
récentes : Trace/Piano d’abord, où le piano devient personnage de la
danse à part entière, la musique s’inventant au miroir de la chorégraphie. Le
dialogue corps-instrument se poursuit ensuite sur Toute volée de Laurent
Martin, né en 1959, qui fut compositeur en résidence à l’Ensemble 2e2m en
2004-2005. Puis, Sans objet sur Tracking Pierrot de Earle Brown
(1926-2002), est un hommage évident au Pierrot lunaire de Schoenberg et
nous renvoie aux origines de la musique et de la danse contemporaines (Brown fut
l’un des musiciens du fondateur Merce Cunnigham).

Enfin, la danse envahit le concert avec L’Aurore d’André Serre-Milan
(création le 15 février), où la danseuse Yumi Fujitani et l’Ensemble 2e2m
participent à un même mélange des poétiques du corps et des sons.

Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement



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