Aureliano Cattaneo, compositeur en résidence
Parcours dans un labyrinthe musical
Jeune compositeur italien, Aureliano Cattaneo est l’invité, cette saison, de
l’Ensemble 2e2m qui présente six de ses ?uvres récentes et la création d’une
partition nouvelle.
Pour les compositeurs, les interprètes et le public, la musique contemporaine
offre, avant toute chose, le plaisir de la création. Mais ce plaisir ne prend
son sens que mis en perspective : on ne découvre vraiment un compositeur que si
l’on dispose de repères : ses ?uvres antérieures, son parcours. Aureliano
Cattaneo est le représentant d’une génération découverte au tournant du nouveau
siècle. Né en 1974 à Codogno, non loin de Crémone, il étudie à Piacenza puis à
Milan, mais noue déjà des contacts avec la France : master-classes de Gérard
Grisey, travail auprès de l’Ensemble Aleph sur sa pièce brève El cielo canta
en azul. En 2003, il est sélectionné par le comité de lecture de l’Ensemble
Intercontemporain, qui lui commande Latidos, créé en janvier dernier.
La voix comme point d’accroche
À 32 ans, Aureliano Cattaneo a donc l’occasion ? et le public avec lui ? de
porter un regard sur son ?uvre récente, un regard qui s’étend de l’?uvre soliste
(Visible pour piccolo) à la musique vocale (Minautorus, dreaming).
La voix semble d’ailleurs constituer le point d’accroche actuel du travail du
compositeur, puisque deux ?uvres au moins, Minotaurus, dreaming et
Suite frammentata, sont reliées à son opéra La Philosophie dans le
labyrinthe, créé en mai dernier à Munich. Un point d’accroche qui n?avait à
l’origine rien d’évident : « J’ai d’abord été plutôt embêté pour utiliser la
voix, précise le compositeur. Il me paraissait difficile d’être original
tout en composant une musique qui soit naturellement chantable. Je me suis senti
plus à l’aise après ma première ?uvre vocale, Minotaurus, dreaming, en
2003 ». Avant de poursuivre l’aventure sur La Philosophie dans le
labyrinthe, Aureliano Cattaneo y avait éprouvé l’importance de travailler
sur un texte, les poèmes d’Edoardo Sanguinetti. « La collaboration avec
Edoardo Sanguinetti est précieuse, parce que ses poèmes sont déjà musique ».
S’il reconnaît que l’héritage musical de Sanguinetti est plutôt impressionnant
(il a collaboré avec des compositeurs tels Vinko Globokar et surtout Luciano
Berio), il est parvenu à s’en libérer : « J’ai essayé d’oublier ces
expériences et de suivre ma propre voie, en me concentrant sur la richesse de
sonorités du texte de La Philosophie dans le labyrinthe ». Cette voie
propre, c’est celle que l’on retrouve dans l’attention extrême que porte
Aureliano Cattaneo à l’univers sonore de ses ?uvres. Dans ce travail
d’instrumentation minutieux (le Concertino de 2001 est écrit pour
trombone, flûte, hautbois, alto, violoncelle et piano), un instrument comme
l’accordéon, par exemple, trouve souvent sa place. « C’est vrai,
acquiesce-t-il, je l’utilise dans plusieurs ?uvres, au sein de différentes
combinaisons. Dans mon opéra, il constitue un véritable protagoniste,
directement lié au souffle du Minotaure. J’aime le son de cet instrument. Par
son vaste registre et sa possibilité de nuances, il donne un équilibre à
l’orchestration ». Un équilibre que l’on retrouve dans Minotaurus,
dreaming comme dans la Suite frammentata, donnée en création le 27
avril et « figuration instrumentale du monde intérieur du Minotaure ».
Jean-Guillaume Lebrun