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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -242-Festival de Saint~Denis 2016

Un Requiem d’une force extraordinaire

Un Requiem d’une force extraordinaire - Critique sortie Classique / Opéra Basilique de Saint-Denis
Légende : C’est la 3e collaboration de Leonardo García Alarcón avec le festival de Saint-Denis. © Festival de Saint-Denis, Ch. Filleule

ENTRETIEN / Leonardo García Alarcón

Publié le 29 mars 2016 - N° 242

Depuis que le chef argentin est arrivé en Europe en 1997, à 20 ans, il est devenu un spécialiste du baroque italien. Avec son ensemble la Cappella Mediterranea, il révèle des partitions oubliées. Pour le Festival de Saint-Denis, il avait exhumé Il Diluvio universale de Falvetti. Cette année, il s’attaque à un monument du bel canto, le Requiem de Donizetti. Avant d’ouvrir la prochaine saison de l’Opéra de Paris avec Eliogabalo de Cavalli dans une mise en scène de Thomas Jolly.

Comment abordez-vous le bel canto ?

Leonardo García Alarcón : J’ai déjà dirigé La Cambiale di Matrimonio de Rossini ou de Mozart. Cet héritage est bien perceptible dans le Requiem de Donizetti, qui inaugure aussi une nouvelle manière de composer la musique d’église, très théâtrale, proche de l’opéra, ce qui n’avait jamais été fait en Italie, contrairement à la France avec Cherubini. C’est une œuvre écrite pour Bellini, mort à 33 ans, et il est probable que cette fin prématurée a touché son rival. En plus des échos belliniens, on entend les apports de Simon Mayr, qui lui a appris la fugue et le contrepoint à Bergame. Quarante ans avant le Requiem de Verdi, les chœurs sont d’une force extraordinaire.

« À Saint-Denis, j’ai retrouvé cette impression d’être chez moi, dans un lieu unique pour la création. »

Avec la Cappella Mediterranea, le Chœur de chambre de Namur et l’orchestre Millenium, vous allez l’interpréter sur instruments anciens. Qu’est-ce que cela apporte ?

L. G. A. : Par rapport à un orchestre moderne, les cordes en boyaux sont plus proches de la voix humaine en termes de texture, de timbres, ce qui permet de donner une couleur indispensable à cette œuvre, de même qu’un diapason à 432 Hz. On sait peu que Verdi voulait pour son Rigoletto un diapason bas, car sinon, c’est un combat pour les voix !

Comment définissez-vous votre lien avec le Festival de Saint-Denis ?

L. G. A. : Pendant ma résidence à Ambronay, j’ai appris à être attaché à un lieu où on puisse créer en toute liberté, voyager dans le temps musical, avoir confiance… À Saint-Denis, j’ai retrouvé cette impression d’être chez moi, dans un lieu unique pour la création. Il y a une volonté de la directrice et de toute l’équipe pour que des projets intéressants, alliant musique et théâtre, voient le jour, comme dans La Dernière Nuit avec Jean Bellorini l’an dernier, dont j’ai dirigé la musique. J’ai aussi appris à connaître et apprécier l’architecture de la Basilique : comment dompter son acoustique, comment arriver à ce que la musique parvienne de manière souple et précise jusqu’au dernier rang du public.

 

Propos recueillis par Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

Un Requiem d’une force extraordinaire
du mercredi 8 juin 2016 au mercredi 8 juin 2016
Basilique de Saint-Denis
Saint-Denis, France

à 20h30.

Festival de Saint-Denis. Du 26 mai au 24 juin 2016

Tél. 01 48 13 06 07.

http://www.festival-saint-denis.com/

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