Smaïl Kanouté présente Yasuke Kurosan, l’histoire d’un samouraï noir

Pourquoi vous être intéressé à la figure Yasuke Kurosan, ce samouraï noir du XVIe siècle ?

S.K. : Je suis tombé sur afro samurai, une série d’animation inspirée d’un manga que j’ai trouvée géniale. J’ai découvert qu’elle était basée sur la vie d’un personnage historique : Yasuké Kurosan, un esclave qui serait originaire du Mozambique et a été détenu par des Jésuites italiens puis des Portugais avant d’être fait samouraï par un général japonais. Son parcours exceptionnel l’a amené à devenir quelqu’un de différent. Il est un bel exemple que l’identité n’est pas qu’un héritage, mais une création.

« La danse devient un outil d’investigation par la mémoire du corps. »

En quoi l’univers du manga imprègne-t-il cette création ?

S.K. : Cette histoire pourrait être celle d’un manga, où souvent le héros ou l’héroïne n’a aucune idée de son devenir exceptionnel. Et dans cet art, les Japonais sont parvenus à créer de nouveaux imaginaires. Le métissage est omniprésent dans le spectacle, à travers un mélange des pratiques : danses contemporaine, classique, urbaine avec des arts martiaux comme le kungfu, le kendo (l’art du sabre), le bushido (l’art samouraï), l’aïkido et la capoeira. Nous voulions inventer un art martial dansé.

Vous avez travaillé avec des interprètes métisses afro-asiatiques. En quoi leurs identités résonnent-elles avec votre recherche ?

S.K. : J’ai puisé dans la vie, la culture de chaque interprète. Je voulais qu’ils se racontent, dans tous les paradoxes et la richesse de leur identité double. La danse devient un outil d’investigation par la mémoire du corps, par les souvenirs, la musique et le chant.

Propos recueillis par Belinda Mathieu