La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -196-THEATRE DES QUARTIERS D’IVRY

SHADEN SALEEM

SHADEN SALEEM - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 mars 2012

UNE ANTIGONE PALESTINIENNE

DANS LE ROLE DE LA FILLE D’ŒDIPE, LA COMEDIENNE PALESTINIENNE SHADEN SALEEM, DIRIGEE PAR ADEL HAKIM, COMPOSE UNE HEROÏNE AUX ACCENTS RESOLUMENT POLITIQUES.

« C’est toute la souffrance du peuple palestinien qui traverse ce spectacle. » Shaden Saleem
 
Des comédiens palestiniens s’emparent d’Antigone. Cela a-t-il une portée politique particulière ?
Shaden Saleem : Oui, j’en suis persuadée. A travers notre présence sur scène, c’est toute la souffrance du peuple palestinien qui traverse ce spectacle. La souffrance d’un peuple de résistants qui – à l’instar d’une Antigone refusant l’arbitraire et s’élevant contre la volonté de son oncle, le roi Créon – fait face, depuis tant d’années, à l’injustice et à l’oppression de l’occupation israélienne.
 
Quel regard portez-vous sur cette héroïne tragique ?
S. S. : J’ai cherché à faire naître une Antigone palestinienne, qui est la sœur jumelle de son aïeule grecque. Pour cela, j’ai mis en avant divers aspects de sa personnalité qui me semblent importants : sa combativité, sa force, son rejet de l’humiliation et de l’asservissement. Ce qui se passe en Palestine, et de façon plus générale dans le monde arabe, est finalement assez proche de l’histoire qu’a écrite Sophocle, il y a aujourd’hui plus de deux mille ans. Tous ces siècles ont passé, le monde est de plus en plus « civilisé », et pourtant beaucoup de choses n’ont pas changé.
 
De quelle façon Adel Hakim a-t-il dirigé les comédiens ?
S. S. : Avec beaucoup de tact et d’élégance, sans jamais nous brusquer. Travailler avec lui a été non seulement passionnant du point de vue du théâtre, du regard de metteur en scène qu’il a porté sur nous, mais également du point de vue du plaisir que nous avons eu à construire ensemble ce spectacle. Adel Hakim sait exactement ce qu’il attend de chaque rôle, comme de la pièce dans son ensemble. Il a su amener chacun d’entre nous à trouver à l’intérieur de soi-même les choses qui pouvaient l’aider à construire son personnage.
 
Qu’aimeriez-vous transmettre aux spectateurs français à travers ce spectacle ?
S. S. : J’aimerais qu’ils puissent envisager la gravité de la situation à laquelle la Palestine est confrontée. De plus, ce spectacle participera à montrer que, en dépit de l’occupation et des morts qui chaque jour endeuillent notre peuple, des Palestiniens continuent à vivre et à pratiquer leur art, que des Palestiniens vont de l’avant et créent une nouvelle version d’Antigone. C’était un véritable challenge, pour nous, de prendre part à une telle aventure de théâtre.

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat

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