La Terrasse

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Focus -150-orchestre

PIERRE BOULEZ

PIERRE BOULEZ - Critique sortie Classique / Opéra
À la tête de l'Ensemble Modern Orchestra, Pierre Boulez dirige trois créations et ses propres /Notations pour orchestre/ le 30 septembre à 16h à la Salle Pleyel.

Publié le 10 septembre 2007

UNE RELATION DURABLE
AVEC L’ORCHESTRE DE PARIS

PERSONNALITÉ-PHARE DE LA SCÈNE MUSICALE, PIERRE BOULEZ EST UN
COMPOSITEUR EXIGEANT, AU LANGAGE RAFFINÉ ET SOUVENT ELLIPTIQUE, MAIS
AUSSI UN CHEF D’ORCHESTRE PRÉCIS, À LA VISION ANALYTIQUE. RENCONTRE
AVEC CE MONSTRE SACRÉ, À QUI L’ORCHESTRE DE PARIS CONSACRE UN CYCLE
DE CONCERTS DU 28 NOVEMBRE AU 16 DÉCEMBRE.

Dans le cycle qui vous est dédié par l’Orchestre de Paris, vos oeuvres côtoient celles de Berg, Webern, Messiaen et Stravinsky. Quels liens entre ces compositeurs ?
Pierre Boulez :
Ce sont des compositeurs qui m’ont beaucoup influencé quand j’étais jeune. Ils m’ont servi de modèles, chacun à sa façon. Webern est sans conteste le plus radical, celui qui est allé le plus loin. C’est un Mondrian de la musique.

Pour l’un des concerts, vos oeuvres seront précédées par des extraits de L’Art de la fugue de Bach, orchestrés par différents compositeurs contemporains. Est-ce une manière d’amener l’auditeur à entrer dans votre univers ?
P. B. :
Mes oeuvres sont écrites pour des ensembles de musique de chambre non conventionnels. L’idée est de voir si ce type de formation instrumentale peut s’adapter à un autre style musical. Les trois compositeurs orchestrateurs (Marc-André Dalbavie, George Benjamin et Bruno Mantovani) s’avèrent, de plus, extrêmement brillants. Il sera
ainsi intéressant de créer un mélange de styles. La déconstruction me semble plus intéressante que la reconstitution.

Dans ce cycle, l’Orchestre de Paris et l’Ensemble Intercontemporain sont très liés. Ce rapprochement a-t-il été évident ?
P. B. :
Quand Daniel Barenboïm dirigeait l’Orchestre de Paris, les deux formations partageaient un grand nombre de concerts de la saison. C’est essentiel de ne pas se contenter d’un seul format pour un concert. La palette sonore est alors bien
plus variée. Dans une exposition, un peintre est présenté aussi bien à travers ses tableaux que ses aquarelles ou ses dessins… Il faut pouvoir apprécier la diversité des moyens d’expression.

Vous dirigez les plus grandes formations mondiales. Quelle est la spécificité de l’Orchestre de Paris ?
P. B. :
L’Orchestre de Paris a beaucoup de virtuosité, car ses musiciens ont une grande facilité d’élocution. J’aime beaucoup leur brillance, notamment dans l’émission du son. Leur directeur musical, Christoph Eschenbach, est un esprit ouvert. Je l’ai connu comme pianiste et j’ai beaucoup d’estime pour lui. Il faut le soutenir durant les trois prochaines années.

« L’Orchestre de Paris a beaucoup de virtuosité, car ses musiciens ont une grande facilité d’élocution. J’aime beaucoup leur brillance, notamment dans l’émission du son. » Pierre Boulez

Les concerts de ce cycle se dérouleront à la Salle Pleyel et à la Cité de la musique. Vous attendez maintenant avec impatience la réalisation de la Philharmonie…
P. B. :
Il y a 25 ans qu’on en parle ! C’est indispensable. Une salle aujourd’hui ne doit pas se limiter à ouvrir aux seules heures de concerts. Un auditorium doit développer un domaine pédagogique et être aussi un lieu de documentation. L’environnement de la salle est donc tout aussi important que la salle elle-même.

Quelle direction va maintenant prendre votre carrière ?
P. B. :
Je veux réduire le nombre de concerts, et me limiter à certains orchestres de grande qualité, comme le Philharmonique de Berlin ou l’Orchestre de Paris. Je ne veux plus avoir de responsabilités. Mais d’un autre côté, je souhaite continuer à aider les compositeurs actuels. La musique contemporaine est négligée dans les institutions pédagogiques. J’apprécie d’autant plus la démarche de l’Académie de Lucerne, qui est un formidable lieu d’échanges pour les compositeurs.

Propos recueillis par Antoine Pecqueur


Cycle « Pierre Boulez » de 4 concerts :
les 28 novembre et 5 décembre à la Salle Pleyel, les 12 et 16 décembre à la Cité de la Musique.

A propos de l'événement



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