La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -175-nevers

PHILIPPE GENTY

PHILIPPE GENTY - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 février 2010

LA SCENE DE L’INCONSCIENT

EN 1995, VOYAGEUR IMMOBILE SUIVAIT L’ODYSSEE DE QUELQUES HUMAINS AUX PRISES AVEC LEURS OBSESSIONS, LEURS LUTTES, LEURS PEURS ET LEURS FASCINATIONS, REVEES OU REFOULEES… QUINZE ANS PLUS TARD, PHILIPPE GENTY POURSUIT L’AVENTURE…

« La parole ramène au conscient, alors que la pensée en image est un outil fondamental de
l’invention. » Philippe Genty

Pourquoi revenez-vous vers Voyageurs immobiles, que vous conjuguez aujourd’hui au pluriel ?

Philippe Genty : En 1995, j’étais d’abord parti sur les traces d’un personnage traversant ses paysages intérieurs, s’affrontant à lui-même. Et puis, la création m’a entraîné ailleurs, au gré des pérégrinations d’un groupe d’humains, par-delà les temps et les espaces. Pour ce nouveau spectacle, j’ai développé certaines pistes, par exemple les contradictions d’un discours autour d’une identité nationale, ou l’avidité pathétique, mortifiante, de l’homme dans sa course au profit.
 
Qui sont, aujourd’hui, ces « voyageurs immobiles » ?
Ph. G. : Ils viennent de divers horizons et pays, mais tous ont une solide formation corporelle. Ce mélange de cultures ouvre à une immense variété de propositions. Des images fortes perdurent de la première version, mais le groupe s’est soudé autour des thèmes en se les réappropriant, en imprégnant les personnages de leurs propres personnalités. Mary Underwood et moi-même sommes donc en réécriture constante.
 
Comment la danse et la marionnette « jouent-elles » ensemble ?
Ph. G. : Plus que la marionnette, les objets et les matériaux occupent ici une place centrale et créent des obstacles physiques auxquels se confrontent danseurs et comédiens, produisant des métaphores de conflits psychologiques.
 
On parle toujours peu dans vos spectacles…
Ph. G. : La parole ramène au conscient, alors que la pensée en image est un outil fondamental de l’invention. Ce qui est réellement nouveau ne peut être que difficile à dénommer. Nous cherchons à créer un univers visuel pour aspirer le spectateur dans les méandres de son subconscient avec des images qui condensent simultanément plusieurs sens, lui laissant la possibilité de les prolonger avec son propre imaginaire. Nous utilisons le langage de la métaphore et la forme du rêve : les personnages n’entrent ni ne sortent par les coulisses, mais surgissent du centre de la scène, se diluent, se métamorphosent sous les yeux des spectateurs, comme des créatures nées de leur propre imaginaire.
 
Vous sentez-vous loin de vos territoires d’enfance ?
Ph. G. : Non ! D’autant plus qu’une majeure partie de nos culpabilités, de nos obsessions se cristallise dans les toutes premières années de notre enfance et est souvent refoulée. Ce sont ces monstres-là qu’il m’intéresse de traiter, car ils sont à l’origine de nos conflits intérieurs. Les découvrir, se familiariser avec eux, c’est le chemin pour faire la paix avec nous-mêmes.

Entretien réalisé par Gwénola David


Voyageurs immobiles, de Philippe Genty et Mary Underwood. Les 26 et 27 février à Nevers. Et du 27 mai au 27 juin au Théâtre du Rond Point.

A propos de l'événement



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