André Engel signe une mise en scène efficace, servie par une belle distribution, qui porte le poème mystique de La petite Catherine de Heilbronn comme un feuilleton amoureux.
L’essentiel est parfois ce qui résiste au méthodique dépeçage de la raison, comme un brûlant mystère qui s’enfuit dans les plis songeurs du cœur, l’ombre tenace d’une certitude qui suggère l’intuition d’un absolu. Sans doute est-ce cet éclat singulier qui fascine dans La petite Catherine de Heilbronn, pièce que Kleist écrivit un an avant de se donner la mort avec sa compagne, Henriette Voguel. Pourquoi en effet le jeune Catherine, fille d’un simple armurier, a-t-elle un jour tout quitté pour suivre le Comte Wetter von Strahl, avec la conviction de l’épouser ? Est-elle possédée par le démon ou veillée par les anges ? D’où vient sa volonté inébranlable ? C’est qu’un rêve tumultueux lui a révélé le visage de son bien-aimé et que les songes connaissent mieux la vérité que les preuves du réel. L’histoire, touffue, coupée de palpitants rebondissements et d’extraordinaires dévoilements, tient du feuilleton sentimental, du roman policier ou encore du conte médiéval et de la ballade populaire. Plus de vingt ans après sa mémorable mise en scène de Penthésilée, autre pôle de l’algèbre amoureuse de Kleist, André Engel s’empare de la Petite Catherine de Heilbronn et déploie les charmes de cette pièce éclatante avec une belle distribution dont tous les membres vibrent à l’unisson.
La Petite Catherine de Heilbronn, de Kleist, adaptation et mise en scène d’André Engel. Du 2 au 31 décembre 2009 aux Ateliers Berthier.