La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -186-biennale

Nicole Mossoux et Patrick Bonté

Nicole Mossoux et Patrick Bonté - Critique sortie Danse
© Alessia Contu Les Corps magnétiques de la compagnie Mossoux-Bonté.

Publié le 10 mars 2011

L’art de la suggestion

Depuis 25 ans, Nicole Mossoux et Patrick Bonté floutent les lisières du réel et du fantasme, tout comme ils brouillent les frontières des genres. Mariant mouvement, image et théâtralité, leurs créations travaillent à même les perceptions et cherchent à troubler le spectateur en son intimité.

« L’image naît du frottement, voire de la tension ou de la contradiction entre les éléments scéniques. » Patrick Bonté
 
Vos spectacles abordent des thématiques précises. Par quel processus trouvent-elles leur formulation dans le mouvement ?
Patrick Bonté : Nous partons en effet d’intentions et cherchons à leur trouver un langage propre, un mouvement qui deviennent leur expression scénique. En ce sens, notre démarche relève du « théâtre-danse ». Si cette quête parcourt toutes nos créations, la forme et les techniques varient en fonction du thème traité, des interprètes, de leur personnalité et de leurs savoir-faire. L’enjeu est aussi de découvrir un chemin que nous ne connaissons pas. Certaines pièces travaillent plus la théâtralité, d’autres la chorégraphie, d’autres encore recourent à la marionnette, aux ombres… ou même à la glace. Ce qui trace une ligne de continuité entre nos spectacles, très différents, tient dans un certain état d’être, un comportement qui dégage une absence / présence, à la fois concret et presque fantomatique. Cela vient aussi du travail sur l’image, conçue comme un écran d’imaginaire sur lequel le spectateur peut projeter ses propres fantasmes. Nous travaillons plus sur la suggestion que sur l’expression. L’image naît du frottement, voire de la tension ou de la contradiction entre les éléments scéniques, pour qu’elle soit vivante, complexe.
 
Est-ce ainsi que vous parvenez à nouer un lien avec le spectateur dans sa singularité ?
Nicole Mossoux : Nous essayons de partager un trouble avec le spectateur, moins en imposant un point de vue qu’en ouvrant le sens pour qu’il puisse aussi se projeter dans la situation mise en scène. La suggestion passe par les perceptions, par la poétique. Chaque geste est l’esquisse de possibles que le public compose avec ses expériences et sa sensibilité.
 
Vos spectacles évoquent souvent une situation banale mais qui glisse vers l’étrangeté. Est-ce par ce décalage du réel que vous cherchez à déplacer le regard du spectateur ?
P. B. : Nous installons en effet des images familières puis qui dérapent, qui pervertissent la normalité, qui vont dévoiler le revers du réel par le corps, le rythme, le rapport des interprètes entre eux.
 
Concrètement, comment s’est déroulé le processus pour Migrations que vous créez dans une patinoire ?
N. M. : Patrick et moi avons chacun nos désirs de travail. L’impulsion vient tantôt de l’un, tantôt de l’autre, mais nous menons les créations ensemble, l’un accompagnant le projet de l’autre. Migrations est né de ma fascination pour la glisse sur glace, pour cette façon de se mouvoir apparemment libre. Nous avons rassemblé des patineurs de haut niveau, qui ont aussi un imaginaire fort et une connivence entre eux. Le travail s’appuie sur des improvisations à partir de propositions d’état, de contraintes, de situations données, souvent en costumes. Nous filmons et nous retravaillons ensuite cette matière, en creusant les accidents, les failles, les décalages. La thématique est approfondie peu à peu et un langage s’élabore avec les propositions des artistes.
 
Entretien réalisé par Gwénola David


 

Migrations, les 2 et 3 mars, à 20h30, Patinoire de Champigny/Marne , le 25 mars, à 20h30, Patinoire de Fontenay-sous-Bois. Les corps magnétiques, le 18 mars à 21h, Théâtre Paul-Eluard à Bezons, le 2 avril à 20h45, Théâtre Claude Debussy à Maisons-Alfort. Les buveuses de café (suivi de Skeleton), le 31 mars à 20h30, Théâtre Romain Rolland à Villejuif, le 2 avril à 20h45, Théâtre Claude-Debussy à Maisons-Alfort.

A propos de l'événement



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