Yves Rousseau, « les matins reconquis à l’archet de mes doigts »
Comment avez-vous rencontré l’?uvre de [...]
Mathieu Ferré poursuit un travail de patiente exigence à la tête de La
Mémoire et la Mer, proposant des rééditions de qualité et des inédits
indispensables. Avant la sortie en septembre de dix-huit enregistrements
inconnus de textes de Baudelaire par Ferré, il vient d’éditer un coffret
regroupant l’intégrale des concerts au Théâtre Dejazet entre 1986 et 1990.
Faire confiance au talent
« C’est important que l’?uvre de Léo continue à vivre et à être diffusée.
Certains interprètes ont la délicatesse de me demander mon autorisation,
d’autres ne posent même pas la question. Mon goût me fait préférer certaines
interprétations et il y a une certaine forme de travail dans lequel je me
retrouve plus mais je m’interdis de juger les interprètes. En fait, il y a deux
états d’esprit dans l’interprétation : celui guidé par la passion de ceux qui
aiment et veulent communiquer cette ?uvre, et celui de ceux qui, moins sincères,
reprennent Léo parce que ça peut les servir. Yves Rousseau est non seulement un
excellent musicien, mais je sais que son travail est sincère. »
Préférence musicienne
« Léo reprochait au jazz d’être une musique improvisée mais il avait un
immense respect pour les musiciens de jazz qui, comme Yves Rousseau, écrivent la
musique sur du papier et savent composer des arrangements en respectant la
mélodie, ce qui est très important. Léo s’est toujours considéré comme un
musicien alors qu’on le traite souvent d’abord comme un auteur ou un poète. Du
coup, dans les reprises de ses chansons, la musique est fréquemment maltraitée,
estropiée, défigurée, alors qu’on ne touche jamais une virgule aux textes. Léo
était un musicien autodidacte mais il savait composer et connaissait les
instruments. C’est pour cela que je préfère que son ?uvre soit reprise par de
vrais musiciens comme Yves Rousseau. »