La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -151-ondif

MARC-OLIVIER DUPIN

MARC-OLIVIER DUPIN - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 octobre 2007

Directeur général de l’Orchestre National d’Île-de-France.

Comment se présente cette nouvelle saison ?
 
Marc-Olivier Dupin : Notre premier motif de satisfaction est lié à une diffusion large, entre quatre et sept concerts par programme. La saison s’est donc très bien vendue auprès des lieux de diffusion. Il faut savoir que les équipements culturels des villes ont de plus en plus de difficultés financières… On évolue toujours entre deux pôles : le désir d’avoir la plus grande part d’autofinancement et en même temps le souhait de faire rayonner un nombre important de concerts ! C’est tellement agréable pour l’orchestre, le chef et le soliste de jouer plusieurs jours de suite le même programme. Il est toujours très décevant de faire un très important travail de répétition pour ne jouer à l’arrivée qu’un seul soir.
 
« Je suis très révolté quand les gens sont malheureux avec la musique, quand ils se retrouvent devant un mur. »
 
Vous venez de lancer l’idée et la mise en oeuvre d’une formation universitaire très particulière…
 
M.-O. D. : Il se trouve que j’ai fait le constat qu’il est très difficile de trouver de bons médiateurs musicaux, c’est-à-dire des personnes qui savent parler de musique à toutes sortes de publics, qu’il s’agisse d’enfants, d’adolescents, d’adultes, de personnes âgées, de catégories socio-professionnelles différentes, etc… À tel point, que je me suis dit qu’il fallait que l’on mette en place une formation. Nous nous sommes ainsi rapprochés du département de musique et musicologie de la Sorbonne et on a réfléchi ensemble aux programmes et aux modes d’admission et d’évaluation d’un Master de médiation musicale. Cette formation de niveau II sera ouverte aux universitaires mais aussi à un public plus vaste par le biais de la formation continue.
 
Cette initiative rejoint vos préoccupations et réflexions constantes sur la pédagogie*, la diffusion et le partage de la musique classique. D’où vous vient cette sensibilité particulière aux questions de transmission de la musique ?
 
M.-O. D. : Les hasards de la vie ont fait que j’ai moi-même enseigné et beaucoup travaillé avec des musiciens amateurs, enfants ou adultes. Je suis très révolté quand les gens sont malheureux avec la musique, quand ils se retrouvent devant un mur. Car, en réalité, on peut facilement faire rentrer un public dans une certaine proximité avec une œuvre. Au fond, le secret des grands médiateurs – je pense à Bernstein ou Boulez –, c’est de ne pas chercher à être savant. On peut toujours prendre deux ou trois idées simples et les faire comprendre à un public. La musique, l’art en général, sont des choses complexes, fonctionnant selon des codes qui ne vont pas de soi. Mais ces codes, il est important de les partager. Il faut faire ce travail, surtout dans une société qui déballe et livre en vrac, via la télévision, des tonnes d’informations. Il faut d’autant plus faire ce travail de décodage dans les orchestres que l’école et les conservatoires ne le font pas ou pas assez ou pas assez bien. C’est la responsabilité des institutions de diffusion. Il faut que chaque groupe d’artistes prenne en main cet enjeu de mieux faire comprendre et ressentir la musique.
 
Propos recueillis par Jean Lukas


 *Marc-Olivier Dupin a publié récemment « Ecoutez, c’est très simple… ». Pour une autre éducation musicale (édition Tsipka Dripka)

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