« Love à gogo ! » de Marion Aeshchlimann et Benjamin Villemagne

Love à gogo ! est la première pièce que vous co-mettez en scène avec Benjamin Villemagne, également metteur en scène et performeur. D’où vient ce désir de collaboration ?

Marion Aeshchlimann : Benjamin et moi avons commencé par fonder ensemble une maison d’édition, Youpron, où nous publions des ouvrages consacrés aux sexualités. Nous avions depuis un moment l’envie de traiter sous la forme d’un spectacle ces sujets. Pour nous y préparer, nous avons réalisé une formation d’un an auprès du Planning familial qui nous a permis d’avoir la certification EAV pour encadrer des groupes sur les questions de vie affective et sexuelle. Nous avons profité de la proposition d’Odyssées pour nous lancer dans la création.

« Nous espérons donner à nos spectateurs le courage de parler sans honte de ces choses intimes. »

S’agit-il pour vous d’interpréter l’adolescence en tant qu’adultes ?

M.A. : Absolument pas. Benjamin incarne un lapinou en peluche qui se sent abandonné après la disparition de son propriétaire, un adolescent. Quant à moi, je suis une célibataire qui boit de l’energy drink. Où est passé cet ado, qui aurait dû être dans sa chambre à ce moment-là pour parler avec ses amis sur internet ? Nos personnages mènent l’enquête, qui les oriente vers la piste d’un premier rendez-vous amoureux. Il nous semble intéressant de déconstruire avec les adolescents la notion de « première fois ». Nous souhaitons aussi parler de sexualité, de pornographie, de consentement.

Quelle vision de la sexualité souhaitez-vous donner à votre jeune public ?

M.A. : Nous nous concentrons sur un objectif : normaliser le fait d’avoir des questions au sujet de la sexualité. Grâce à l’humour et à la fiction, nous espérons donner à nos spectateurs le courage de parler sans honte de ces choses intimes. Nous avons consulté de nombreux adolescents dans des collèges, et nous nous sommes fait accompagner pour la relecture. L’humour ne nous empêche pas d’être aussi sérieux que l’exige notre sujet !

Propos recueillis par Anaïs Heluin