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Linda Faoro

Linda Faoro - Critique sortie Danse
Légende : Linda Faoro, en solo dans Ma Maison ne ressemble pas à celle de ma mère…

Publié le 10 février 2010

Linda Faoro se dévoile en solo

Linda Faoro est une artiste hors cadres, dotée d’un appétit chorégraphique qui l’a conduite à s’initier à des techniques diverses : jazz mais aussi hip-hop, classique, danse africaine, danse orientale… Elle présente un solo unissant danse et théâtre, qui expose les recherches et les questions d’une femme « en (re)construction ».

En 2008, vous avez créé Ma maison ne ressemble pas à celle de ma mère, que vous vous apprêtez à présenter à l’Espace Jacques-Prévert. Était-ce la première fois que vous vous exposiez en solo ?
Linda Faoro : Il s’agit d’une pièce vitale dans mon parcours, et c’était en effet la première fois que je créais un solo – ou, plus exactement, la première fois que je créais un solo conçu pour la scène d’un théâtre, car il arrive souvent que je danse en solo pour la télévision ou pour de l’événementiel. Mais ce sont des cadres très différents, dans lesquels la dramaturgie et le rapport au public n’ont rien à voir avec ce qui se passe dans le secteur des arts vivants. D’une certaine façon, c’est la question qu’aborde mon solo : celle d’évoluer dans des contextes très divers, avec le risque de se perdre. Où suis-je, dans ces identités multiples ? Où suis-je en tant qu’artiste, en tant que femme ?
 
« Où suis-je, dans ces identités multiples ? Où suis-je en tant qu’artiste, en tant que femme ? » 
 
En effet, il est rare de voir un chorégraphe travailler dans des esthétiques, mais aussi des contextes économiques si différents…
L. F. : Cela implique de passer d’un style à un autre, d’un état à un autre. Il y a parfois de la frustration (le risque de ne pas travailler « à fond », ce qui compte le plus) et surtout, cela rend les choses difficiles quand on doit expliquer qui l’on est : en France, les professionnels du spectacle sont habitués à ce qu’un artiste travaille dans un seul domaine, bien identifié ! Ils ne prennent pas nécessairement au sérieux quelqu’un qui évolue dans le « show-biz »… Je pense malgré tout que le fait de travailler dans ces secteurs très différents est une richesse. Ainsi, dans l’événementiel et à la télévision, les modes de travail sont liés à des contraintes importantes : en très peu de temps, on doit créer et apprendre une chorégraphie avec plus de dix personnes, par exemple… Il n’y a pas droit à l’erreur. On devient alors très rigoureux, très réactif ; on développe une grande précision dans le mouvement et dans le rapport à la musique, et une grande aptitude à s’orienter dans l’espace. Ce sont de vrais atouts, qui me sont aussi très utiles quand je travaille au sein d’une compagnie !
 
Pour Ma maison ne ressemble pas à celle de ma mère, vous vous êtes entourée de plusieurs collaborateurs. Comment avez-vous travaillé ensemble ?
L. F. : En 2004, quand j’ai commencé à ressentir le besoin de me raconter en tant que femme, j’ai d’abord demandé à Laure Porché si elle voulait bien écrire pour moi un texte qui prendrait sa source dans mon intimité, dans mes propres écrits, dans mes réflexions sur les femmes et les hommes, sur l’amour, sur l’identité d’artiste. Outre la danse, j’ai toujours fait du théâtre et il me semblait important que le travail corporel soit relié à des mots, qui touchent le spectateur d’une autre manière. Pendant plus d’un an, Laure et moi avons beaucoup écrit ensemble, beaucoup échangé. Très rapidement, elle m’a proposé des textes. J’ai été beaucoup plus lente pour imaginer le passage de ces textes au plateau, j’avais très peur de ne pas en être capable : c’est Laure qui m’a attendue ! Ensuite, pour la mise en scène, j’ai fait appel à Peggy Semeria, qui a su lire entre les lignes. Elle m’a poussée et elle est parvenue à extraire de moi des choses essentielles. Y compris pour les parties dansées : jamais je n’ai été aussi bien dirigée dans ma danse que par cette artiste a priori non danseuse ! Enfin, il y avait la question de la musique, fondamentale pour moi car c’est la musique qui permet à ma danse de naître. J’ai travaillé en étroite collaboration avec le compositeur Thierry Bertomeu. Il a créé une musique originale qui unit hip-hop, big beat, musique orientale, percussions africaines, rock, rythm’n’blues… Une musique mélangée, métissée comme mon histoire, comme ma danse.
 
Propos recueillis par Marie Chavanieux

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