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Les Rendez-Vous Chorégraphiques de Sceaux

Les Rendez-Vous Chorégraphiques de Sceaux - Critique sortie Danse

Publié le 10 octobre 2008

En un mois, la scène nationale de Sceaux balaie l’art chorégraphique pour en retenir des formes variées, oscillant cette année entre la post-modernité américaine et la French touch de créateurs d’aujourd’hui.

Ces rendez-vous 2009 sont marqués par la présence de deux grandes dames de la danse du XXème siècle : Trisha Brown et Carolyn Carlson. A côté, Abou Lagraa et Yvann Alexandre font figure de jeunes héritiers, dont les filiations se sont peu à peu délitées dans le grand melting pot de la danse des années 2000 ! C’est un beau parcours dans l’esthétique de Trisha Brown qui nous est proposé ici : du solo à la pièce de groupe, des seventies aux années 90, on verra dans ces pièces la relation à la scénographie (souvent de Bob Rauschenberg) comme à la musique d’une danse qui prend véritablement sa place dans l’Histoire. C’est le cas par exemple de son mythique solo If you couldn’t see me, entièrement dansé de dos, où la chorégraphe exposait une forme de nudité en ne dévoilant que le lieu de la naissance de son mouvement, sans fard, sans artifice. Ici, la pièce maîtresse de l’américaine est reprise par une danseuse de sa compagnie. A l’inverse, la programmation de Carolyn Carlson dans ces Rendez-Vous ne reflète que ces récents travaux, créés alors qu’elle était la nouvelle chorégraphe à la tête du Centre Chorégraphique National de Roubaix. On y voit clairement l’empreinte de l’Orient qui occupe une place privilégiée dans son parcours : philosophie zen, calligraphie, intérêt pour le buto… jusqu’au choix des interprètes – ici deux artistes japonais pour Li. Avec Hidden, la deuxième pièce du programme, Carslon fait le lien avec ces origines, tournées également vers la Finlande, en invitant la compositrice Kaija Saariaho à créer pour le quatuor de danseurs.

L’enthousiasme des années folles en clôture du festival

Entre Yvann Alexandre et Abou Lagraa, on devine comme un passage de relais : le premier est un habitué des lieux, et a réservé pour le public des Rendez-Vous Chorégraphiques de Sceaux un grand nombre de ses créations, alors même qu’il était un tout jeune chorégraphe. Aujourd’hui, il livre Venenum Amoris, une variation autour de l’amour-ardent et l’amour-poison, une potion magique qu’il saura composer à l’aune d’une écriture du geste toujours très pointilleuse. Le second, Abou Lagraa, est le nouvel artiste en résidence de production aux Gémeaux. Les occasions seront donc nombreuses pour découvrir son travail au cours de la saison (une création, D’eux Sens), comme pendant le festival. Ici, c’est le répertoire du chorégraphe qui est mis en valeur : dans RBVB, on découvre les penchants du chorégraphe pour tous les styles de danse, du hip hop au classique, qu’il réintègre à sa propre écriture. Ce programme est le concentré de deux pièces. L’une, Passage, met en scène trois danseurs de hip hop dans une rencontre avec la lumière, la couleur, et la recherche d’une identité gestuelle propre à l’espace qu’ils explorent. Un carré rouge sert de lien avec le premier solo d’une danseuse plus classique, évoluant sur une composition de Paul Hindemith, où le corps devient le réceptacle du rythme, de la musique. Et c’est sur les notes de Gershwin que s’achèveront ces Rendez-Vous, fantaisie mise en corps par José Montalvo et Dominique Hervieu.

Nathalie Yokel


Li et Hidden de Carolyn Carlson, les 28 et 29 avril, RBVB d’Abou Lagraa, les 5 et 6 mai, Venenum Amoris d’Yvann Alexandre, le 12 mai, Trisha Brown Dance Company, du 15 au 17 mai, Gershwin du 27 au 30 mai de José Montalvo et Dominique Hervieu.

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