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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -241-Centre des monuments nationaux

Le Cri

Le Cri - Critique sortie Danse Tours Cloître de la Psalette
© D. R.

Entretien Nacera Belaza
Cloître de la Psalette à Tours / Nacera Belaza

Publié le 25 février 2016 - N° 241

La chorégraphe Nacera Belaza présente à Tours Le cri, créé en 2008. Un gage d’émotion forte.

Pourquoi avez-vous accepté l’invitation de Monuments en Mouvement à redonner Le cri à Tours ?

Nacera Belaza : Simon Pons-Rotbardt m’a invitée à redonner Le cri parce qu’il était convaincu que mon travail pouvait trouver une résonnance particulière dans un monument. Et j’en suis persuadée aussi. Déjà, en Avignon, à la Chapelle des Pénitents Blancs, j’ai pu éprouver cela. Nous sommes d’ailleurs en discussion à propos d’une création en 2017. Les composantes de lieux tels que le Cloître de la Psalette entrent en interaction avec celles de mon travail. Les monuments sont des caisses de résonnance idéales pour la danse.

« Les monuments sont des caisses de résonnance idéales pour la danse. »

Votre œuvre est marquée par votre foi musulmane. Comment travaillerez-vous votre pièce pour l’espace chrétien du Cloître de la Psalette ?

N. B. : De façon naturelle ! Il y a chez moi une démarche spirituelle, mais c’est surtout une recherche d’ouverture, de lien. La nécessité de transcendance fait partie des composantes de toutes les religions. Peu m’importe l’habillage propre à chacune. Je suis attachée à une démarche impliquant un cheminement lent, loin des dogmes et des interdictions.

Le cri est une pièce pour deux danseuses (votre sœur et vous-même, comme souvent). Quelles ont été vos contraintes au moment de sa création ?

N. B. : Je pose en premier lieu des contraintes corporelles, mentales, et ensuite, dans un second temps, une tension vers la liberté qu’elles offrent. Il n’y a pas de liberté sans contrainte, mais le but de la contrainte est la liberté. Sinon, il n’y aurait qu’aliénation ! Or, l’être humain supporte de moins en moins les contraintes, et n’en reconnais plus les bienfaits. Je pense que nous sommes dans un monde « pré-mâché », de l’ordre du film Alexandre le bienheureux, dont le héros ne quitte pas son lit !

Vous avez reçu pour Le cri le Prix de la Révélation chorégraphique par le Syndicat de la critique, et vous êtes depuis 2015 Chevalier de l’ordre des Arts et Lettres. Ces signes de reconnaissance sont-ils un motif de plus pour continuer à créer ?

N. B. : Pas du tout ! Sinon j’aurais attendu bien longtemps… J’essaie simplement de comprendre ce que le ministère a salué en mon travail. Je suis immigrée, arrivée en France à cinq ans, et j’ai un parcours singulier, entre la France et l’Algérie. Le titre m’a surtout fait du bien pour mes parents : ils sont arrivés en France sans en parler la langue. Trouver leur place n’a pas été évident, et ma mère m’a dit qu’elle était fière de cette reconnaissance. De mon côté, évidemment, je ne mesure pas mon travail à un titre, mais à quelque chose d’intime.

 

Propos recueillis par Bérengère Alfort

A propos de l'événement

Nacera Belaza / Le cri
du samedi 11 juin 2016 au samedi 11 juin 2016
Cloître de la Psalette
Tours, France

à 22 h. Tél. 02 47 36 46 00.

Centre des monuments nationaux, Hôtel de Sully, 62 rue du Faubourg Saint-Antoine, 75004 Paris. De mars à septembre 2016. Tél : 01 44 61 20 00.

www.monuments-nationaux.fr

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