La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -241-Centre des monuments nationaux

Fabriquer des occasions d’émerveillement

Fabriquer des occasions d’émerveillement - Critique sortie Danse
© D. Plowy – CMN.

Entretien / Philippe Bélaval

Publié le 25 février 2016 - N° 241

Président du Centre des monuments nationaux, Philippe Bélaval reconduit et développe Monuments en Mouvement.

Comment la première édition de Monuments en mouvement s’est-elle déroulée ?

Philippe Bélaval : Cette première édition a eu un grand retentissement, elle a été formidablement accueillie par les artistes et les professionnels,  et par le public qui a été nombreux et sensible à cette rencontre inattendue entre le monument et le mouvement. Les spectateurs ont apprécié de découvrir une création artistique dans un cadre original, qu’il s’agisse de la danse, du cirque ou d’autres formes performatives. Chacun des artistes a su à travers son œuvre faire vivre l’espace de façon singulière, le faire résonner autrement et lui apporter un supplément d’âme. C’est une sorte de croisement fécond qui s’établit entre l’intime et l’universel, entre le geste et l’espace monumental. Par sa puissance d’incarnation au-delà du langage, la danse a cette capacité de rendre visible toute une palette d’émotions grâce à une perception immédiate et sensible. Comme les monuments, la danse nous relie à des choses très fortes, de l’ordre d’une sacralité. Pour les artistes comme pour le public, la création au sein des monuments permet de porter un regard différent sur le monument, et aussi sur la danse.

Qui sont les artistes invités ?

P. B. : Plusieurs artistes présents l’an dernier reviennent. La Figure du Gisant de Nathalie Pernette à l’Abbaye de Cluny et à la Basilique Saint-Denis fut une rencontre bouleversante, et nous reprenons ce spectacle à la Basilique Saint-Denis et à l’Abbaye du Thoronet dans le Var. Nous programmons aussi à nouveau Où chaque souffle danse nos mémoires de Thomas Lebrun, à la Conciergerie et à l’Abbaye du Mont-Saint-Michel. Et Yoann Bourgeois a carte blanche pour proposer un parcours de haut vol au Fort Saint-André à Villeneuve-lez-Avignon. Nous accueillons aussi de nouveaux danseurs chorégraphes : Nacera Belaza, Yuval Pick, et Carolyn Carlson. Je suis très fier que Carolyn Carlson reprenne son solo Giotto Solo au Panthéon, avec l’appui du Théâtre national de Chaillot. Malgré une carrière glorieuse, elle continue de prendre des risques en se mesurant à ce lieu imposant, c’est un geste fort. Le cirque, qui affirme pleinement au sein des monuments sa dimension émotionnelle et spectaculaire, prend davantage de place cette année avec la venue de Clément Dazin, adepte d’un jonglage dansé, de Chloé Moglia, qui pratique la suspension, et de Tatiana-Mosio Bongonga, funambule. C’est une année très féminine !

« Faire vivre l’espace de façon singulière, le faire résonner autrement et lui apporter un supplément d’âme. »

La manifestation est-elle aussi une façon de développer et croiser les publics ?

P. B. : C’est bien sûr une façon de conquérir et de surprendre le public. Nous collaborons avec diverses structures, dont des centres chorégraphiques, des scènes nationales, le CENTQUATRE, le Théâtre national de Chaillot… , leurs fidèles nous suivent et certains découvrent à cette occasion nos monuments. Ces œuvres nouvelles ou réinventées suscitent des expériences et des rencontres inédites. Et c’est aussi une façon de promouvoir diverses formes d’expressions artistiques, au sein même de l’espace public. Nous voulons inlassablement offrir de la beauté au public, offrir des occasions d’émerveillement, des rencontres avec ce qui étonne, ce qui fait réfléchir, ce qui éveille. Contre la fermeture et la peur, nous revendiquons la liberté de création par des créateurs de tous horizons, avec des formes ouvertes sur les cultures du monde, qui ont leur place dans nos monuments, et d’autant plus dans le contexte actuel. Toutes les danses peuvent s’y inscrire : danses sacrées asiatiques, danse butô, derviches tourneurs… En mai, à l’Abbaye du Mont-Saint-Michel, un concert réunit l’Orchestre régional de Normandie et les chants des pygmées Aka. C’est stimulant ! Nous sommes dans un esprit militant de résistance contre l’obscurantisme et la violence. Les gens ont besoin de se réunir et de s’élever par la culture : les 2 et 3 janvier 2016, des milliers de personnes ont fait la queue sous la pluie pour découvrir les salons de l’Hôtel de la Marine. La culture apporte de la lumière et de la beauté dans le monde. Sa mise en valeur est un combat que je mène depuis toujours !

Propos recueillis par Agnès Santi

 

Centre des monuments nationaux, Hôtel de Sully, 62 rue du Faubourg Saint-Antoine, 75004 Paris. De mars à septembre 2016. Tél : 01 44 61 20 00.

www.monuments-nationaux.fr

A propos de l'événement

Centre des monuments nationaux


De mars à septembre 2016. Tél : 01 44 61 20 00.

www.monuments-nationaux.fr

 

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