L’âme réunionnaise de Vincent Fontano

« C’est en découvrant ma pièce Loin des hommes, à la Réunion, que Laurent Dréano a eu envie de faire de moi un artiste compagnon de la MCA. Je suis très heureux de cette marque de confiance. Être associé à un lieu ayant une si longue histoire est, pour moi, une joie et une responsabilité. Je suis très heureux de pouvoir inscrire ma voix dans cette maison. Je commencerai par y présenter une lecture de Loin des hommes, qui est ma première pièce en français. En créole, mes trois pièces précédentes étaient relativement brèves et écrites dans une langue vive, ciselée. En passant au français, j’ai voulu faire la tentative d’une parole longue. Dialogue entre un homme et une femme qui ne se connaissent pas, cette pièce interroge la possibilité, à notre époque, de vraiment rencontrer quelqu’un.

La multiculturalité à cœur

J’essaie, dans mon théâtre, de faire ressortir l’âme réunionnaise en développant une esthétique différente de ce que l’on peut voir en métropole. Des lieux comme la MCA, en particulier avec son Festival Amiens Tout-monde, sont très précieux pour donner à entendre dans l’Hexagone des voix diverses, à une époque où, me semble-t-il, les mots diversité, communauté et différence sont souvent regardés avec méfiance. À la Réunion les choses sont je crois un peu différentes, car sur cette île la multiculturalité va de soi. Laurent Dréano m’a demandé, pour son festival, de dire ce que m’évoque la notion de Tout-monde. J’ai ainsi décris la cohabitation de communautés diverses telle qu’elle existe sur mon île. Il faut défendre l’existence d’espaces au sein desquels peuvent s’exprimer des identités différentes ».

Propos recueillis par Anaïs Heluin