La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -156-tqi

Julia Zimina

Julia Zimina - Critique sortie Théâtre
Crédit photo Florence Cuif

Publié le 10 mars 2008

Portrait de la femme moderne

Julia Zimina met en scène Les Serpents, pièce dans laquelle Marie NDiaye confronte trois figures féminines incarnant les trois obligations de la femme moderne : le travail, les enfants, le ménage.

Qui sont les trois serpents que cette pièce met en présence ?
Julia Zimina : Cette histoire met en présence trois femmes : la mère, l’ancienne belle-fille et l’actuelle belle-fille. Toutes les trois négocient leur place au sein de la famille comme négocient les serpents dans le même panier en se cachant pour mieux ressurgir, livrer bataille ou mourir. Elles incarnent les trois tâches de la femme moderne : la maternité, le travail à l’extérieur et l’obligation de tenir parfaitement la maison. La femme moderne doit être parfaite et assumer ces trois tâches. On rompt avec les figures féminines classiques où la femme est ingénue, mère ou putain.
 
 « Marie NDiaye écrit un théâtre qui ne se laisse pas deviner. »
 
Quelle est la place de l’argent dans cette intrigue ?
J. Z. : La pièce est construite autour des thèmes de la possession et de la dépossession, autour de la circulation de l’échange. L’argent y sert à acheter les souvenirs. Il apparaît qu’avec l’argent, on peut vraiment tout acheter : l’argent est quelque chose de matériel qui achète quelque chose qui ne l’est pas. Madame Diss a besoin d’argent, Nancy a besoin d’enfants et France a besoin d’une situation dans la société pour gagner de l’argent : elles s’installent dans cette terrible circulation de l’échange d’où aucune ne sort gagnante.
 
Comment avez-vous abordé ce texte ?
J. Z. : On a travaillé à l’ancienne, c’est-à-dire à la table ! Ca a été un travail extrêmement difficile car il fallait saisir le sens du phrasé, les répétitions et toutes les nuances de la langue de Marie NDiaye, comme on le ferait avec la musique. Sur scène, Vadim Sher, musicien et pianiste, a créé la musique du spectacle en même temps qu’on répétait. Sa musique, comme une nécessité intérieure, permet aux actrices de respirer dans ce texte en suivant les mouvements que les mots indiquent. Marie NDiaye écrit un théâtre qui ne se laisse pas deviner. Il faut donc travailler à élucider son mystère. Je fais partie des metteurs en scène pour lesquels le jeu d’acteur passe avant tout. C’est mon école. Pour moi le travail est né de la personnalité de mes trois actrices et de l’immense sensibilité de notre compositeur. On a travaillé d’abord à transmettre la langue de Marie NDiaye et ça a réveillé en nous quelque chose de si puissant que parfois on suffoquait sans pouvoir aller au bout des répétitions.
 

Propos recueillis par Catherine Robert


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