La Terrasse

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JEAN-BAPTISTE SASTRE

JEAN-BAPTISTE SASTRE - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2010

RICHARD II : UN ROI QUI DECOUVRE QU’IL EST UN HOMME

DIX ANS APRES AVOIR MIS EN SCENE TAMERLAN LE GRAND DE CHRISTOPHER MARLOWE, JEAN-BAPTISTE SASTRE REVIENT AU THEATRE ELISABETHAIN AVEC LA TRAGEDIE DU ROI RICHARD II DE WILLIAM SHAKESPEARE. UN SPECTACLE TRAVERSE PAR L’ECRITURE DE FREDERIC BOYER ET INTERPRETE, DANS LA COUR D’HONNEUR DU PALAIS DES PAPES, PAR AXEL BOGOUSSLAVSKY, PASCAL BONGARD, DENIS PODALYDES, NATHALIE RICHARD, LES ECRIVAINS JEAN ECHENOZ ET PIERRE MICHON…

« Un roi non-roi persécuté par sa propre souveraineté. » Jean-Baptiste Sastre
 
Quel sens donnez-vous à votre envie de mettre en scène, aujourd’hui, La Tragédie du roi Richard II ?
Jean-Baptiste Sastre : Comme c’est souvent le cas, cette envie a pris corps autour d’une suite de rencontres, d’échanges, de désirs partagés… C’est vraiment un ensemble de circonstances éclatées qui m’a mené, comme naturellement, vers l’aboutissement et la concrétisation de cette envie de mettre en scène Richard II. Un séjour de recherche sur le théâtre élisabéthain effectué à Londres dans le cadre du programme de résidence Villa Médicis Hors les Murs de Culturesfrance ; un magnifique rôle de reine pour Nathalie Richard ; la rencontre avec Frédéric Boyer et Sarkis (ndlr, qui signe la scénographie du spectacle) qui se sont tous les deux révélés très attirés par l’œuvre de William Shakespeare ; le désir de travailler une nouvelle fois avec Denis Podalydès… Tout cela a fini par tracer un chemin spontané aboutissant à ce spectacle.
 
 
Quel regard portez-vous sur le personnage de Richard II ?
J.-B. S. : Shakespeare présente un souverain qui découvre qu’il est un homme, mais également que dans tout homme il y a un souverain. Richard II a souvent été présenté comme un roi faible, un roi dispendieux, un roi qui abdique, qui laisse tout aller à vau-l’eau. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de montrer un roi non-roi persécuté par sa propre souveraineté, un homme ordinaire, un homme qui se dépouille. J’aimerais que les spectateurs puissent avoir accès à toutes les dimensions de cet être complexe et multiple.
 
Pourquoi avoir demandé à Frédéric Boyer d’écrire une nouvelle traduction de cette pièce ?
J.-B. S. : La rencontre avec Frédéric Boyer s’est imposée à moi comme une évidence. Nous avons parlé de Shakespeare, de l’acte de traduction… Après cela, il m’a semblé naturel de lui proposer d’écrire une nouvelle traduction de Richard II. Frédéric s’est emparé de cette pièce de façon très personnelle, sans chercher à rentrer dans un cadre, en faisant entendre la musique de sa propre écriture.
 
Comment pourriez-vous caractériser cette musique ?
J.-B. S. : Comme l’a dit Victor Hugo, la traduction est une annexion. Frédéric Boyer est véritablement parvenu a faire sienne la pièce de Shakespeare. Il a réussi à lui donner quelque chose d’athlétique en créant une langue directe, contemporaine. Une langue à travers laquelle Richard II se présente comme un long poème en prose, un poème teinté d’une gravité enfantine et sauvage.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat


La Tragédie du roi Richard II, de William Shakespeare (texte français de Frédéric Boyer, Editions P.O.L.) ; mise en scène Jean-Baptiste Sastre. Du 6 au
16 janvier 2011. Spectacle en allemand surtitré.

A propos de l'événement



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