Sur des textes incisifs, émouvants et drôles d’Eugène Durif, Jean-Yves Picq et Jean-Pierre Siméon, la troupe dirigée par Jean-Louis Hourdin propose un cabaret joyeux, intelligent et sensible.
Six comédiens et trois musiciens disent et chantent le monde comme il va et les hommes comme ils ne vont pas, arrivant sur scène à petits pas, serrés les uns contre les autres à l’image d’un troupeau de bipèdes patauds et frileux, tous réunis comme pour lutter contre le froid des intempéries politiques et sociales. Ils investissent la scène en tendresse, la main sur le bras de l’autre, l’œil tout luisant d’émotion. Quelques saillies bienvenues sur l’air du temps, une incursion hugolienne du meilleur effet et des textes beaux, intelligents, drôles et pertinents, qui disent le marasme et la crise, les noyés de Gibraltar qui croient que l’Eldorado est à portée de nage, l’inanité des discours économiques et politiques, mais aussi l’amour et la fraternité qui toujours ressurgissent et n’en finissent pas de ragaillardir l’espoir. Siméon, Durif et Picq sont des poètes. Leurs mots forment un rempart à l’intérieur duquel peut se reconstituer une communauté fraternelle et joyeuse dont les artistes réunis sur scène semblent les prototypes ou l’élite éclairée. Si les lendemains de notre cuisant aujourd’hui espèrent encore chanter, on peut parier que c’est sur les airs et les mots de ce cabaret de tendresse et de finesse qu’ils pourraient régler leur cadence et leurs voix.
Je suis en colère, mais ça me fait rire, textes Eugène Durif, Jean-Yves Picq et Jean-Pierre Siméon, chef de troupe Jean-Louis Hourdin, le 20 mai à 22h, les 21 et 22 à 21h30, le 23 à 20h.