Hors-Champ, entretien avec Ivana Müller

Qu’est-ce qui a motivé la création de cette performance ?

Ivana Müller : Je voulais traiter de la relation entre l’Homme et la nature. La tente m’a paru être un objet intéressant car elle évoque un sentiment de mobilité, la possibilité de partir s’installer en pleine nature, mais aussi des conditions de vie précaires. L’avènement d’un tourisme et d’une production de masse coïncide avec une société qui crée un fort clivage entre pauvres et riches. Outre l’objet, j’avais envie de créer un protocole performatif qui questionne l’idée d’intimité dans un lieu public. La tente est un endroit où l’on est caché des regards mais qui reste suffisamment ouvert pour que ce ne soit pas oppressant. Ce sont les spectateurs qui interprètent cette performance, ils se retrouvent dans une situation d’intimité avec des gens qu’ils ne connaissent pas, protégés de trop d’inconfort par le fait qu’il y ait un dialogue à lire. Comme dans un bal, ils changent de partenaire à chaque lecture, à chaque tente. Il y en a onze.

« Un protocole performatif qui questionne l’idée d’intimité dans un lieu public. »

Comment avez-vous choisi les thématiques des différentes conversations ?

I.M. : Les conversations sont organisées autour de phénomènes qui sont présents dans la nature mais qui évoquent aussi un vocabulaire politique. J’étais en résidence au Parc de La Villette quand j’ai créé Hors-Champ et ces conversations m’ont été inspirées par celles que j’ai eues avec le jardinier du parc. Nous parlions de parasites, de colonisation, etc. Mais les dialogues que j’ai écrits ne sont pas du tout scientifiques, ils sont plutôt drôles, dans un langage très simple, et ces termes sont utilisés comme des métaphores.

Propos recueillis par Delphine Baffour