BABEL, rencontre avec Jordi Gali

Pourquoi votre spectacle ne se réduit-il pas à une performance ?

Jordi Gali : Si on dit que BABEL est une performance, on se trompe, mais si on dit que c’est un atelier, on se trompe aussi. BABEL, c’est une expérience de trois jours dans laquelle on entraîne 25 personnes, pour arriver à réaliser une performance à la fin. Peut-être qu’on peut appeler cela une performance participative ? Ne considérer BABEL que sous le prisme de l’événement qui a lieu à la fin, c’est oublier que dans les trois jours qui précèdent on a formé un groupe, qui réussit à faire une chose qui est techniquement complexe. L’enjeu principal, c’est comment créer un groupe. Mon intuition est qu’un projet commun est un activateur d’énergie d’équipe très puissant, très fédérateur. A la fin, la performance n’est pas une prouesse technique, mais l’exploit subtil de gens ordinaires.

« Mon intuition est qu’un projet commun est un activateur d’énergie. »

Pourquoi ce détour par la matière alors que vous venez de la danse ?

J.G. : C’est lié à ma démarche de chorégraphe. Autour de 2005, je commence à faire des recherches sur le lien à l’objet. C’est dans le lien à la matière que naît une sorte de nécessité. Depuis 2005, la matière, avec sa dimension architecturale, est une sorte de stratégie : c’est un fil dramaturgique qui permet de donner du sens à chaque geste ainsi qu’au déplacement. Elle permet aussi une écriture dans le temps. Les constructions que nous faisons ont une poétique des forces : une structure est comme un mouvement arrêté. Il y a une continuité avec le travail du corps.

Propos recueillis par Mathieu Dochtermann