Ferté Jazz

Ici, comme souvent ailleurs, le jazz s’entend dans une assertion résolument ouverte. Voilà sans doute pourquoi les têtes d’affiche à La Ferté-sous-Jouarre pourront surprendre ceux qui aiment le jazz, tendance orthodoxe et historique. La chanteuse soul Selah Sue en formule acoustique, le blue funk du guitariste chanteur nigérian Keziah Jones, ou encore le chantre folk pop britannique Charlie Winston évoluent aux marges, dans des cousinages qui rappellent aux oublieux comment cette musique a eu la capacité d’englober toutes les esthétiques. Pour preuve, Premier prix de soliste au Concours de La Défense en 2002, le tromboniste Daniel Zimmermann s’illustra aussi aux côtés de Claude Nougaro et de Manu Dibango, entre autres. On se félicite de retrouver ce pilier du jazz hexagonal programmé cet été. Camille Bertault, elle, s’est illustrée cet hiver avec Pas de géant, clin d’œil à Giant Steps, qu’elle avait repris voici trois ans. Le standard de Coltrane est au programme de son répertoire, un exercice virtuose plébiscité. Le Moutin Factory Quintet s’est quant à lui distingué sur scène depuis plusieurs années, notamment aux Etats-Unis, ce qui lui confère l’assise des meilleurs. Il en va de même de Hugh Coltman, chanteur capable de s’adapter à bien des contextes : après Nat Cole, on retrouve l’Anglais pour son projet qui salue la soul de La Nouvelle-Orléans. Eric Bibb et Jean-Jacques Milteau viendront quant à eux honorer la mémoire de Lead Belly, un des géants du blues dont ils parcourront le répertoire. Last but not least, le jeune natif de Saint Louis Marquise Knox s’inscrit lui aussi dans le sillon du blues qui, pour faire partie de l’ADN du jazz, n’en est pas moins la matrice de bien des musiques populaires actuelles.

Jacques Denis