La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -216-Colloque national Théâtre 95 / Cergy-Pontoise

Entretien Valérie Pécresse

Entretien Valérie Pécresse - Critique sortie Théâtre

Publié le 23 décembre 2013

Améliorer l’exercice du pouvoir

Députée et ex-ministre dans le gouvernement de François Fillon, Valérie Pécresse propose plusieurs mesures destinées à donner à la fonction du législateur plus d’efficacité et de lisibilité.

« Je plaide pour une revalorisation du Parlement. »

Comment expliquez-vous la crise de la démocratie ?

Valérie Pécresse : Je pense que nous sommes trop concentrés en France sur la conquête du pouvoir, et pas assez sur son exercice. Les programmes des campagnes électorales ne sont pas appliqués, et on constate un décalage entre la politique menée après et l’espoir suscité avant. La déception et la défiance en sont les conséquences. Il faut avoir le courage de tenir des discours de vérité et de réforme, un responsable politique ne peut pas être une simple courroie de transmission de la volonté du peuple mais doit montrer des capacités de décision et de leadership. Je crois que le politique garde un vrai pouvoir sur le cours des choses malgré la mondialisation et la puissance des intérêts économiques.

Pensez-vous que la démocratie représentative accorde suffisamment de place aux citoyens ?

V. P. : Il existe une espèce de frustration des citoyens qui ont l’impression de ne pas peser sur les décisions pendant le mandat. Je suis pour le dialogue social, la concertation et la participation des associations aux processus de décision. Mais je crois en la démocratie représentative. Je pense par contre que les contre-pouvoirs sont insuffisants. Le Parlement ne constitue pas un véritable contre-pouvoir. Contraint par le calendrier politique du quinquennat car il tient désormais son pouvoir du Président, le député n’a pas les moyens réels de travailler. Je plaide pour une revalorisation du Parlement et de la politique qui passe selon moi par la division par deux du nombre de députés et du nombre de sénateurs, et par un doublement de leurs moyens pour travailler plus efficacement, avec la possibilité de créer un comité d’audit attaché au Parlement qui permettrait de contrôler l’action du gouvernement. C’est cette situation qui explique le cumul des mandats : la plupart des parlementaires souhaitent exercer des mandats locaux  parce que en tant que maires ou présidents de Conseil général ou régional, ils bénéficient de moyens supplémentaires (bureau, secrétaire…), et ils ont le sentiment de pouvoir faire des choses. Pour se soucier de l’intérêt général plus que du sien, pour prendre des risques, il faut se sentir libre. C’est peut-être cette liberté qui manque aux politiques.

Pourquoi préconisez-vous la fusion des départements et des régions ?

V. P. : Il faut que les responsabilités soient claires : l’opacité joue en faveur des politiques et en défaveur des citoyens. Personne ne sait ce qui relève du département ou de la région en termes d’impôts, de subventions… Seule la gestion du maire est compréhensible par les citoyens. Je suis favorable à ce qu’il y ait un niveau de collectivité – la commune -, et un autre – la région -, qui résulterait de la fusion des départements et des régions. A chaque niveau un impôt correspondrait à une compétence pour plus de clarté. Cette nouvelle étape de la décentralisation permettrait de clarifier les responsabilités, et ainsi redonnerait confiance aux citoyens.

 

Propos recueillis par Agnès Santi

 

 

Colloque national du 7 décembre 2013. Théâtre 95, Allée du Théâtre, 95 Cergy-Pontoise.
Tél : 01 30 38 11 99.  

A propos de l'événement


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