Focus Australie
L'Australie, terre de danse et de danseurs : [...]
Focus -221-Théâtre National de Chaillot / Saison 2014/2015
La grande chorégraphe quitte le Centre chorégraphique national de Roubaix – Nord-Pas de Calais et fonde la Carolyn Carlson Company. Elle crée à Chaillot une pièce inspirée de la Poétique de l’espace de Gaston Bachelard.
Le Théâtre National de Chaillot vous a invitée à vous installer au théâtre pour deux ans : que représente cette résidence ?
Carolyn Carlson : Ce sont des conditions d’accueil précieuses. Il y a un studio pour le travail chorégraphique, et un bureau pour la partie administrative. Ma prochaine pièce est produite par le théâtre. Et nous disposerons du plateau quinze jours avant la première, ce qui est très rare ! Enfin, la présence de la compagnie inclut des sessions d’improvisation, des interventions dans des lieux divers, notamment des musées ; et bien sûr des moments de rencontre et d’enseignement.
La transmission semble particulièrement importante à vos yeux.
C. C. : J’ai toujours enseigné, et c’est fondamental pour moi. D’ailleurs, la performance est aussi un acte de transmission… Les gens viennent souvent dire « je vous ai vue danser quand j’avais douze ans (ou trente…), ce fut un déclic » : la danse est liée au fait d’ouvrir, chez le spectateur, une inspiration. Plus exactement, je crois que l’on ne fait que lui rendre sa mémoire, son imagination propre, qui étaient là, mais endormies : la danse est l’étincelle qui produit ce réveil.
Les questions de lieux et de liens sont aussi au coeur de votre prochaine création, Now…
C. C. : Gaston Bachelard part du microcosme pour aller vers le macrocosme. On peut habiter une maison, et habiter l’univers… Notre corps lui-même est une maison, avec ses recoins, sa cave et son grenier ; on peut le fermer à clé comme on peut s’ouvrir à l’autre et à son propre espace. Cette pièce pose donc la question de l’espace, c’est-à-dire, aussi, celle de la relation aux objets qui nous entourent : si l’espace est vide, on ne peut pas en prendre conscience. Avec cette référence à Bachelard, c’est aussi une boucle qui se crée : quand j’ai commencé à enseigner à l’Opéra, dans les années 1970, j’utilisais les mots de Nikolais – « time, space, motion, shape » – qui restaient très abstraits pour les danseurs en France. John Davis, mon partenaire à l’époque, avait eu l’idée de les inviter à lire un livre qu’il avait étudié à l’université. Beaucoup de choses s’étaient alors éclairées. C’était La Poétique de l’espace de Bachelard…
Propos recueillis par Marie Chavanieux
Tél. : 01 53 65 30 00.
Site : www.theatre-chaillot.fr
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