La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -205-Théâtre de l’Onde

Entretien Artur Ribeiro

Entretien Artur Ribeiro - Critique sortie Théâtre Vélizy-Villacoublay _L'Onde de Vélizy
Crédit portrait : Renato Mangolin Légende : André Curti et Artur Ribeiro, le tandem de la compagnie Dos à Deux. Crédit : Xavier Cantat Légende : La mère, figure centrale de cette création autour de la fratrie de la compagnie Dos à Deux.

Conception Artur Ribeiro et André Curti

Publié le 21 décembre 2012 - N° 205

Frères de sang

André Curti et Artur Ribeiro viennent de créer le solo Absence au Brésil, recréent leur duo fondateur, Dos à deux, librement inspiré par Beckett, et ils inventent à l’Onde une nouvelle pièce explorant les liens fraternels. Artur Ribeiro nous livre les premiers éléments sur ce quatuor de théâtre gestuel…

« Nous aimons raconter des histoires, être non pas dans l’illustration, mais dans la suggestion. »

Cette nouvelle pièce reprend-elle le thème de la famille, qui est cher à votre démarche ?

Artur Ribeiro : C’est vrai que Saudade racontait le périple d’une famille obligée de partir en exode à cause d’un bouleversement écologique. Le propos de la pièce n’était pas la famille, mais les conséquences d’un conflit extérieur sur la famille. Pour Fragments du désir, les conflits étaient à l’intérieur de la famille, avec une implosion dans le noyau familial et des résonnances importantes dans la vie de chacun. Frères de sang forme un diptyque avec Fragments du désir sur ce point-là. Avec Frères de sang, on parle de la fratrie, mais aussi de la mémoire de l’enfant. La mémoire en tant que flashs qui n’ont pas forcément de liens entre eux, mais aussi en tant que re-création de ce que l’on a pu vivre. Le spectacle montre comment différentes personnes côtoient les mêmes histoires, et comment elles sont reconstruites et réécriites, selon le ressenti de chacun. La pièce est une plongée abyssale dans ces mémoires-là : deux frères qui ne se sont pas vus depuis des années se retrouvent le jour de l’enterrement de leur père. C’est le conflit majeur du spectacle, car suite à un deuil, ils vont plonger dans leurs mémoires et revivre les choses à leur manière.

Avec tout ce qui se joue dans les familles, à savoir les non-dits…

A. R. : Complètement. Un secret traverse le spectacle : comment un fait très dur et très important de l’enfance peut-il avoir des échos dans la vie ? Et comment se débarrasse-t-on de ce poids ? On porte certaines choses, en les digérant une vie entière, et peu à peu on se reconstruit. Dans le spectacle, nous jouons des frères, et nous reconstituons les scènes de leur enfance, avec des situations qu’ils ont vécues petits. Ce spectacle est aussi un hommage à la mère, à ces femmes qui élèvent leurs gamins seuls, et qui se battent.

Quand vous êtes en création, préfigurez-vous le spectacle avec un texte pour mettre en œuvre l’histoire et les personnages ?

A. R. : Nous écrivons à quatre mains avec André Curti. On crée les personnages, la façon dont ils vont se côtoyer, on détermine les conflits, et après on trace une dramaturgie pour pouvoir créer nos images. Nous aimons raconter des histoires, être non pas dans l’illustration, mais dans la suggestion des scènes pour que le public comprenne le fil dramatique de l’histoire tout en étant dans l’onirisme. On reste fidèle à un élan dramaturgique.

Est-ce cet élan et cette attention portée à la narration qui distinguent le théâtre gestuel de la danse 

A. R. : Je pense, oui. On porte une attention singulière à la dramaturgie, on raconte des histoires, on crée des personnages, et c’est le théâtre qui pose ces questions-là. La danse pose d’autres questions, comme celle du corps dans l’espace. Parce qu’on est proche de la danse, on peut se situer dans un onirisme physique, au-delà des mots, pour exprimer ce que l’on veut raconter.

Quelle serait la couleur de Frères de sang ?

A. R. : Les images n’ont pas forcément de couleurs, surtout quand elles s’effacent, comme le négatif d’une photo trouvé dans un grenier. Je pense qu’elle serait noir et blanc avec des touches très colorées, qui seraient l’empreinte d’une femme, d’une maman.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Frères de sang
du jeudi 21 mars 2013 au samedi 23 mars 2013
_L'Onde de Vélizy
8bis, av. Louis Breguet, 78140 Vélizy-Villacoublay

Du 21 au 23 mars 2013 à 21h. Le reste de la saison Le théâtre de l’Onde propose une programmation foisonnante. A citer parmi d’autres œuvres : en théâtre  Joël Pommerat propose La grande et fabuleuse Histoire du commerce, en danse Phia Ménard présente Vortex, en opéra Christophe Rauck et Jérôme Corréas revisitent Le Retour d’Ulysse dans sa patrie de Monteverdi, en musique classique Racha Arodaky joue les Partitas de Bach, en chanson La Grande Sophie, An Pierlé sont au programme. Etc. L'Onde - Théâtre et Centre d'Art, 8bis, av. Louis Breguet, 78140 Vélizy-Villacoublay.Tél. : 01 34 58 03 69
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