La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -163-forum

Daniel Benoin

Daniel Benoin - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 décembre 2008

Les politiques doivent garantir la liberté des artistes

Fondateur de la Convention Théâtrale Européenne, directeur depuis 2002 du Centre Dramatique National de Nice, le plus important de France en termes de fréquentation, Daniel Benoin est à l’origine de ce grand rendez-vous européen.

Quel est l’historique de ce Forum ?
 
J’ai organisé un forum similaire à Saint-Etienne de 1996 à 2000. L’idée de départ était de réunir des gens de divers pays autour d’un thème. En arrivant à Nice, j’ai voulu reprendre cette idée. La Mairie, dirigée par Christian Estrosi, a accepté le projet. Ce qui est fondamentalement nouveau cette année, c’est de programmer des spectacles en soirées qui n’ont encore jamais été vus en Europe. Les spectacles permettent de se confronter à des dramaturgies venues d’ailleurs, explorant aussi la relation entre pouvoir et théâtre. 145000 spectateurs par an viennent au théâtre à Nice, nous pouvons donc accueillir des spectacles en langue étrangère.
 
Comment va se dérouler le Forum ?
 
Nous avons commandé à 33 critiques dramatiques un rapport sur l’évolution du théâtre dans leur pays. Bernard Henri-Lévy, une personnalité non spécialiste du théâtre, a accepté d’ouvrir le Forum, le 11 décembre à 15h, en établissant une synthèse de ces rapports issus de 33 pays d’Europe. Cette contribution éclaire la question clef du Forum : “Pouvoir et Théâtre, Pouvoir du Théâtre“. Puis les 12 et 13 décembre quatre tables rondes introduites par environ cinq interventions préparées approfondiront cette question, à laquelle tout le monde participe. Pour finir, le 14 décembre, un compte-rendu de chaque table ronde sera présenté.
 
Pourquoi avoir choisi le thème des rapports entre pouvoir et théâtre ?  
 
C’est un thème fondamental, qui est aussi d’une actualité brûlante. Aujourd’hui en France les rapports entre le théâtre et le pouvoir sont exécrables. On est passé du mariage affectif et moral d’après-guerre à la maturité des années 90, où les problèmes n’empêchaient cependant pas un rapport d’entente cordiale avec le pouvoir. Aujourd’hui c’est plus compliqué, nous sommes en situation de bagarre pour préserver l’indépendance et la liberté du théâtre. Auparavant j’allais au Ministère de la Culture pour y rencontrer des alliés, cet état d’esprit est révolu. Les pouvoirs se sont multipliés, avec l’état, les régions, les départements et les villes, sans parler du privé ou de l’Europe – même si le principe de subsidiarité rend impossible le financement par l’Europe d’un certain nombre de projets. Au-delà de l’actualité, ce thème suscite diverses interrogations essentielles. Par exemple, on peut se demander de façon un peu provocante si la démocratie tue le théâtre. Dans les pays de l’Est pendant l’ère communiste, le théâtre représentait le lieu de la révolte, mais quand la démocratie est arrivée, les théâtres se sont vidés. Cela a été terrible pendant un certain nombre d’années.
 
« Le théâtre exerce une réflexion critique face au pouvoir, il doit être un lieu de contestation. »
 
Les artistes doivent-ils s’engager politiquement selon vous ?
 
Le théâtre exerce une réflexion critique face au pouvoir, il doit être un lieu de contestation. J’ai toujours pensé que les hommes politiques se doivent de donner aux artistes les moyens de leur action et non pas l’inverse. J’ai mes idées, mais en tant que directeur d’une grosse institution, je n’ai pas à prendre parti pour un homme politique. Quel que soit l’homme politique en place, j’ai à attendre qu’il aide mon travail. Les gens de théâtre se sont peu engagés pour les dernières élections présidentielles, ils se méfient du politique.


Propos recueillis par Agnès Santi


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