La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Blandine Savetier

Blandine Savetier - Critique sortie Théâtre
photo : Blandine Savetier

Publié le 10 janvier 2008

Une liberté humaine approximative

Dans le cadre d’Itinéraire Bis, action théâtrale intercommunale, Blandine Savetier présente On n’arrête pas le Progrès, six courts dialogues mis en scène en appartement.

Comment est née l’idée de ce spectacle ?

Blandine Savetier :
Sous l’instigation de la Comédie de Béthune et du Conseil général, Richard Dubelski a conçu l’année dernière un spectacle musical L’Avenir du progrès en compagnie d’ensembles musicaux amateurs et d’habitants de la région. L’impact sur la population locale qui ne va pas forcément au théâtre a été considérable. Cette année, On n’arrête pas le Progrès poursuit la réflexion entamée sous un angle personnel et proche à travers les textes de six auteurs, et la forme du théâtre en appartement susceptible d’élargir le public. C’est l’intimité de la réponse à la question qui unit finalement les auteurs disparates. On peut confondre la modernité et le progrès, la science-fiction et le progrès ; de plus, la lecture des scientifiques et des philosophes n’apporte jamais de réponse simpliste.
 
Comment avez-vous réfléchi sur la notion de progrès ?

B. S. :
Je perçois le progrès comme une thèse et une antithèse : une avancée – un mouvement qui va de l’avant – par rapport aux débuts de l’humanité, mais toujours au détriment d’une perte. Qu’on envisage l’espérance de vie qui s’est allongée, qu’on envisage le confort, le temps libre, le droit à l’expression ou l’accès à l’information qui sont des avancées, en général. Or, tout est risible face à la mort, comme le dit Thomas Bernhard. Nos sociétés ont occulté la mort, l’homme avec le clonage désire l’immortalité ; les femmes ne veulent plus vieillir. L’homme vit dix ou vingt ans de plus, un constat risible si on regarde l’appauvrissement de la biodiversité sur la terre, la disparition des abeilles et de certaines plantes. La prochaine crise sera alimentaire, et les famines sépareront encore plus les riches des pauvres. L’homme détruit son lieu de vie avec le réchauffement de la planète. On ne peut répertorier tous les aspects « objectifs » du progrès. Si l’on évoque aussi le confort qui aliène, la quête effrénée des objets ne fait que divertir de la mort. Or, nous sommes des êtres humains grâce à la conscience de notre mort pour laquelle il n’est pas de réponse mais des tentatives de consolation, comme la pratique d’un art…
 
« Je perçois le progrès comme une thèse et une antithèse. »
 
Quelles conclusions à tant de questions ?

B. S. :
L’augmentation de l’espérance de vie peut être un critère de progrès, tout dépend des perspectives individuelles. Comment la vie est-elle traitée dans une société qui occulte le mystère de toute vie, la spiritualité, la métaphysique ? Quant à la démocratie, elle devrait tirer des leçons de l’Histoire qui n’autorise que des parenthèses de paix entre la Seconde Guerre mondiale, les Khmers rouges, le Rwanda et la Bosnie, un génocide d’aujourd’hui en pleine Europe…
 
Propos recueillis par Véronique Hotte


On n’arrête pas le Progrès, textes de Mario Batista, Rudi Beckaert, Marie Desplechin, Koffi Kwahule, Christophe Martin et Matei Visniec ; mise en scène de Blandine Savetier.

A propos de l'événement



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