La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -199-Chaillot, saison 2012/2013

ARPAD SCHILLING

ARPAD SCHILLING - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 juin 2012

NOEPLANETE / MISE EN SCENE ARPAD SCHILLING

LE THEATRE COMME LABORATOIRE CITOYEN

A travers un récit d’anticipation où de jeunes cobayes sont destinés à fonder une humanité nouvelle sur une autre planète, le metteur en scène hongrois questionne notre modèle de société.

“L’art travaille
le lien entre l’individu
et la communauté.”
Arpad Schilling
 
 
Noéplanète entremêle plusieurs histoires et interroge en filigrane la place des jeunes artistes dans notre société. Cette question est-elle centrale aujourd’hui ?
Arpad Schilling : Elle rejoint celle de la responsabilité de la nouvelle génération, et plus largement de l’art, dans la cité, de son rapport à la vie publique et aux problématiques sociales. Je vois se creuser une césure entre les grandes institutions culturelles, qui présentent des artistes reconnus et sont fréquentées par une fraction de citoyens, et les jeunes artistes, qui n’ont pas accès à ces lieux d’expression. Certains mènent des démarches alternatives, notamment en se regroupant en collectif, en allant sur le terrain, dans les banlieues, au plus proche des populations qui ne fréquentent pas les théâtres. Comment cette énergie créative peut-elle se développer, nourrir des réseaux, s’intégrer dans le système institutionnel pour le reformuler ? Le soutien de telles démarches représente un enjeu d’avenir pour la culture et la démocratie en Europe. Une fracture s’aggrave en effet non pas tant entre l’Est et l’Ouest ou le Nord et le Sud mais au sein même de chaque pays entre la culture académique et la culture populaire. Le populisme prospère justement sur cette division qui désintègre la communauté. Les jeunes artistes, parce qu’ils peuvent transmettre la culture académique apportée par leur formation et aller à la rencontre de ceux qui baignent dans la culture populaire, pourraient faire le pont et nous aider à retrouver une langue commune. Aujourd’hui les artistes parlent du monde mais je ne vois pas leur relation au monde, ils parlent des problèmes mais ne travaillent pas sur les problèmes.
 
Quelles sont les implications esthétiques de cette vision ?
A. S. : Il faut aborder l’art avec la réalité et les outils d’aujourd’hui. Je traite le plateau comme une installation et cherche les interactions, le mélange de formes différentes (théâtre, cirque, danse, cinéma…), le traitement direct des sujets, l’échange entre des amateurs et des professionnels. L’art ne se réduit pas à un enjeu esthétique mais travaille le lien entre l’individu et la communauté. Les professionnels mettent en œuvre leurs outils pour donner forme au propos et le partager avec des spectateurs actifs mis en position de citoyens, de compagnons de jeu.
 
Comment vous situez-vous par rapport aux conceptions de Jean Vilar ?
A. S. : Je me sens très proche de sa poésie du plateau, composée avec des moyens très simples, qui laisse une grande liberté d’imaginaire au public, et de sa démarche quand il cherche à faire du théâtre non pas une usine à rêves mais un espace de réflexion sur le monde.

Entretien réalisé par Gwénola David


 
Du 17 au 26 octobre 2012.

A propos de l'événement



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