La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -191-onde

ANNE ASTOLFE

ANNE ASTOLFE - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2011

LES TEMPS POSTMODERNES

ANNE ASTOLFE ET LES MEMBRES DU LAABO DECORTIQUENT LE FONCTIONNEMENT D’UNE PLATEFORME TELEPHONIQUE, ET METTENT EN EVIDENCE L’INHUMANITE DES FORMES ACTUELLES D’EXPLOITATION AU TRAVAIL.

« Comprendre comment les formes du travail s’immiscent dans notre intimité. » Anne Astolfe
 
Quel est l’objet de ce spectacle ?
Anne Astolfe : Explorer le fonctionnement des plateformes téléphoniques et ses conséquences sur les êtres humains qui y travaillent. Le spectacle est autant lié à son thème qu’au projet de départ : un travail de recherche sur le mouvement et sur le jeu, en prenant appui sur l’écriture sous contrainte. Comment le comédien arrive-t-il au jeu à partir d’une contrainte ; comment y trouve-t-il sa liberté ? De là, est née la construction d’un ordre gestuel que j’ai placé dans le contexte du travail. Nous avons creusé ce thème jusqu’à en arriver aux plateformes téléphoniques.
 
Pourquoi ce lieu de travail particulier ?
A. A. : Ce qui nous a interpellés, c’est l’utilisation systématique du prénom Dominique par les téléopérateurs, hommes ou femmes. Nous avons ensuite rencontré des spécialistes : Christophe Dejours, psychiatre et philosophe, a validé cette idée que le fait que tous soient appelés du même prénom déstructure les identités. Bien sûr, on pense aux Temps modernes, de Chaplin. Mais la situation est-elle la même que celle décrite par ce film ? Qu’est-ce qui se passe en entreprise aujourd’hui ? Pour le savoir, et c’était le deuxième temps de notre travail, nous nous sommes rendus sur des plateformes. Cette enquête en immersion fait partie de la démarche de création. Ensuite, est venu le temps de l’écriture collective au plateau et des propositions de jeu.
 
Comment l’enquête se transforme-t-elle en spectacle ?
A. A. : Il ne s’agit pas d’un documentaire : le spectacle décolle dans l’imaginaire, le fantasme. On est dans un espace très épuré, aux lumières découpées. Il est important qu’on puisse passer de l’entreprise à l’intérieur privé : ça m’intéresse que les lieux se confondent puisque le langage est contaminé. La question de départ consistait en effet à comprendre comment les formes du travail s’immiscent dans notre intimité et notre quotidien. La question vient ensuite de comprendre ce qui fait qu’on accepte ces conditions et quelle est notre capacité de résistance à la standardisation.

Propos recueillis par Catherine Robert


Hold on, conception et mise en scène
d’Anne Astolfe ; écriture collective : Le LAABO.
Les 8 et 9 novembre 2011 à 21h.

A propos de l'événement



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