La Terrasse

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AGATHE MELINAND

AGATHE MELINAND - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 novembre 2011

NOS AMERIQUES, VISIONS PLURIELLES

AGATHE MELINAND, METTEUR EN SCENE ET CODIRECTRICE DU TNT, ADAPTE QUATRE NOUVELLES DE TENNESSEE WILLIAMS, QUI DEVOILENT LA GENESE DE SON THEATRE.

« Des visages très différents de la réalité outre-Atlantique se dévoilent. » Agathe Mélinand
Pourquoi porter à la scène les nouvelles de Tennessee Williams ?
Agathe Mélinand : J’avais le désir de redécouvrir le nouvelliste. Les pièces et les films l’ont occulté. Pourtant, les nouvelles de Tennessee Williams sont souvent la genèse de ses pièces à venir. Les quatre textes que j’ai choisis sont traversés par une sensibilité exacerbée mariée à un sens de l’humour ébouriffant. Tennessee Williams écrit toujours avec le regard qui frise : la noirceur des situations, la difficulté d’être au monde, de trouver sa place, couvent sous le quotidien et éclatent brutalement. L’émotion vous prend à la gorge soudainement, comme chez Tchekhov que Williams adorait. Là est peut-être le génie de son écriture. J’ai retraduit les nouvelles, pour être juste avec sa langue, en sentir les nuances de l’intérieur, la restituer, la faire sentir.

Quelle théâtralité appelle la mise en scène des nouvelles ?
A. M. : Le récit convoque la mémoire, enchevêtre narrations et dialogues, parole distanciée et jeu incarné. J’imagine la bande d’amis de Tennessee Williams à Key West, partageant des souvenirs d’enfance, jouant, racontant, dans une atmosphère à la fois joyeuse et désabusée, comme dans La Collectionneuse de Rohmer. Les images vidéo de Sébastien Sidaner sont projetées sur de grands rouleaux de papier blanc qui bordent le plateau. La vidéo crée des univers poétiques, suggestifs, ouvre des espaces de rêve et accompagne le récit. La réception des œuvres de Tennessee Williams reste très marquée par les films d’Elia Kazan, de Joseph L. Mankiewicz ou de Richard Brooks, par les interprétations, très incarnées, de Marlon Brando, Vivien Leigh, Paul Newman, Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn ou Anna Magnani. Les acteurs se détachent ici de cette tradition « Actor’s studio », pour chercher un autre jeu.

Quels visages des Etats-Unis apparaissent ici ?
A. M. : Les quatre nouvelles se situent dans des contextes très différents : la misère économique qui frappe la classe moyenne de Saint-Louis, la vie de riches planteurs de la Nouvelle-Orléans ou de commerçants du sud, le quotidien d’une ville industrielle du nord des Etats-Unis. Ce sont des visages très différents de la réalité outre-Atlantique qui se dévoilent et donnent matières à réflexion. Aux spectateurs de faire ce travail. Je ne veux pas plaquer mon interprétation sur l’écriture.

Short stories
s’inscrit dans une thématique, « Nos Amériques ». Que décline-t-elle ?
A. M. : Plutôt que de juxtaposer des spectacles, notre programmation s’articule autour de thématiques, qui regroupent plusieurs propositions et offrent aux spectateurs différents regards sur un sujet : autant de lectures, sources de réflexion, d’amusement et d’étonnement, et autant de regards et d’artistes qui exposeront leurs lectures multiples de « Nos (leurs) Amériques ».

Propos recueillis par Gwénola David


Short Stories, traduction, adaptation et mise
en scène d’Agathe Mélinand.
Du 15 novembre au 4 décembre 2011.

A propos de l'événement



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