Des marionnettes comme reflets de l’humanité
Autour du thème central de l’accident, les membres de la compagnie réunionnaise du Théâtre des Alberts donnent corps aux saynètes d’un monde burlesque, noir et absurde.
Accidents de vie, parcours brisés, exclusions familiales et sociales : le nouveau spectacle de la compagnie du Théâtre des Alberts renvoie un reflet amer et caustique de notre monde, un reflet dont l’humour noir et la dérision décalée rejoignent pourtant toute la tendresse et toute l’humanité de leurs marionnettes. Associés au metteur en scène Martial Anton (également directeur de la compagnie bretonne Tro-héol), Isabelle Martinez, Fabienne Kienlen, Vincent Legrand (directeur artistique du collectif réunionnais),
Alexandra-Shiva Mélis et Stéphane Deslandes sont eux-mêmes à l’origine des six propositions qui constituent le fil dramatique d’Accidents. « Notre langage est composé de signes manipulés, explique Vincent Legrand, de mots-objets, de sens détournés, d’images sonores, de drôles de combinaisons qui dessinent souvent l’absurde avec humour et poésie, tout en bouleversant certaines conventions de jeu. Depuis la naissance de notre compagnie, en 1994, nous avons toujours revendiqué notre appartenance au monde des arts de la marionnette, ainsi que notre désir de mieux faire connaître les multiples facettes de cet art auprès d’un large public. »
Une table comme plateau de jeu
Aussi, par le passé, le Théâtre des Alberts a-t-il exploré l’utilisation de la marionnette à gaine, de la muppet, du théâtre d’ombres, du théâtre d’objets… Aujourd’hui, c’est l’art de la marionnette sur table que Martial Anton a choisi d’investir avec eux pour ce nouveau spectacle. « Très vite, déclare le metteur en scène, la table comme plateau de jeu s’est imposée. Sa neutralité nous a permis d’y créer, avec une grande économie d’accessoires, les décors nécessaires aux tribulations des différents protagonistes. Accidents prend donc corps sur une table noire, dans un espace noir. Excluant tout superflu, cette représentation demande aux comédiens de changer à vue, en un temps record, les éléments de décors de chacun des six épisodes. » Des épisodes qui mettent en jeu des marionnettes de diverses tailles (allant d’une quinzaine de centimètres à la stature d’un homme). Des épisodes dans lesquels Martial Anton aimerait voir, « bien modestement », « un lien de parenté avec certaines comédies à sketches italiennes des années 1970, ou avec les Idées Noires d’André Franquin».
Manuel Piolat Soleymat
Accidents, mise en scène de Martial Anton. Du 5 au 30 août 2008. Du mardi au vendredi à 20h00, le samedi à 16h00 et 20h00.