La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Serge Aimé Coulibaly

Serge Aimé Coulibaly - Critique sortie Théâtre

Publié le 31 août 2012

Babemba, création entre rêves, utopies et destin à inventer

Serge Aimé Coulibaly convoque quatre grandes figures de l’Afrique contemporaine : Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Kwame Nkrumah et Nelson Mandela. Quatre icônes pour porter une autre parole sur L’Afrique.

Comment faites-vous le lien, sans raconter d’histoire, entre votre danse et ces quatre figures africaines ?
Serge Aimé Coulibaly :Le rapport entre la danse et ces figures se situe dans la façon dont on passe du commun à l’exceptionnel, à l’incroyable, c’est-à-dire à tout ce qui a un rapport avec l’invention et l’audace. Les éléments chorégraphiques sont bien visibles, mais derrière, je rencontre l’ordinaire, le normal, je cherche ce qu’il y a de commun entre ces quatre hommes exceptionnels que l’on retrouve dans chacun de nous.
 
Sont-ils, pour vous, des modèles ?
S. A. C. : Nkrumah a été le premier à parler et lutter pour rassembler l’Afrique. Il est l’unificateur, celui qui avait une vision pour que ce continent s’en sorte politiquement et économiquement. Mandela est le personnage dont la stature ne souffre aucune discussion. Il est un modèle d’humilité et de pardon. Sankara, lui, est encore un peu controversé, mais il est capable d’enflammer les jeunes. Quant à Lumumba, il a voulu le bien de son peuple, ce qui a causé sa perte. J’ai fait le choix de ces personnages par rapport à la jeunesse d’aujourd’hui, comme si notre espoir se retrouvait dans ces hommes qui, pour la plupart, n’existent plus.
 
« En Europe, on ne montre pas l’Afrique en mouvement. »
 
Peut-être que chacun d’entre nous peut se révéler exceptionnel à travers ses actes quotidiens, en ne suivant pas le chemin le plus facile, en n’abandonnant pas le combat face à des dirigeants qui ne montrent pas le bon exemple.
 
Votre danse est-elle revendicatrice ?
S. A. C. : Oui, car je trouve que l’Afrique est mal vue et mal représentée ! On en parle toujours en de mauvais termes, sans que quoi que ce soit nous permette de relever la tête. Aujourd’hui, c’est le Kenya et les massacres liés aux élections, le Darfour… Il n’y a aucune voix qui nous dise que nous sommes effectivement des hommes comme les autres, avec nos joies, nos expériences. En Europe, on ne montre pas l’Afrique en mouvement. On montre un continent traditionnel, poli, enfermé dans ses mythes. C’est important pour nous, créateurs africains, de parler de nos problèmes, de les expliquer au monde à notre manière. C’est de cette façon que l’on ira à la rencontre des autres.
 
Que signifie Babemba ?
S. A. C. : Babemba Traoré est le nom du dernier conquérant mandingue de l’Afrique de l’Ouest. Avant la colonisation, il était le roi du Kénégoudou, dans la région de Sikassou, l’actuel Mali. Quand les troupes coloniales françaises se sont emparées de la ville, Babemba s’est suicidé en disant que la mort valait mieux que la honte.
 
Propos recueillis par Nathalie Yokel


Babemba, création chorégraphique de Serge Aimé Coulibaly. Du 27 juin au 19 juillet 2008. Du mardi au samedi à 20h.

A propos de l'événement



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