Festival SPRING 2022

L’un des traits remarquables de l’édition 2022 du festival SPRING est sa richesse en créations.

Yveline Rapeau : Les conditions sanitaires ont gêné la sortie des spectacles, et c’est une contrainte que nous avons transformée en opportunité : le festival assume de mettre en avant ces créations, où on trouve des propositions très accessibles, pour que tous les publics s’y retrouvent. Les spectacles du Cirque Inextremiste en font partie : Warning et encore plus Comment le vent vient à l’oreille avec le Surnatural Orchestra, un spectacle très festif sous chapiteau. Ou Anjalousia d’Olivier Meyrou, avec Matthias Pilet et Daniel Barba Moreno qui est joueur de guitare de flamenco, un spectacle magnifique avec une danse acrobatique très généreuse. Autre exemple de spectacles grand public : Play/Replay de The Rat Pack Cie, avec la complicité de Chinese Man et de Jos Houben, ou Car tous les chemins y mènent de Basile Forest. Il faut voir Basile, cette force de la nature, qui joue du violon avec une douceur inouïe, c’est clownesque et émouvant.

Quelles sont les autres grandes signatures parmi les seize créations programmées ?

Y.R. : On arrive à un moment où on peut montrer que le cirque est une forme artistique qui a atteint une maturité solide. Maroussia Diaz Verbèke s’associe au collectif Instrumento de Ver pour 23 fragments de ces derniers jours, Camille Boitel et Sève Bernard présentent Fissure, un spectacle de clown et d’acrobatie, et Yann Frisch montre son nouveau spectacle de magie nouvelle, Personne, dans son camion-théâtre. Frédéri Vernier et Sébastien Davis-VanGelder créent Out of the Blue, une proposition originale qui se déroule dans un aquarium, et Sébastien Wojdan, du Galapiat, creuse la veine d’un cirque d’auto-fiction. Et il ne faut pas négliger les artistes émergents : nous avons une profusion d’artistes formidables qui font le cirque d’aujourd’hui !

« nous avons une profusion d’artistes formidables qui font le cirque d’aujourd’hui ! »

Pourquoi proposer un fil rouge au public, cette année intitulé “Cirque et objets, objets de cirque” ?

Y.R. : C’est une façon d’éditorialiser le festival. Le premier rapport avec l’objet, bien sûr, c’est l’agrès, et il est réinterrogé de tous les côtés. Il y a là Estetica dell’orso de la compagnie EDO Cirque, un spectacle fascinant, ou le très beau Pli d’Inbal Ben Haim qui utilise le papier, ou encore Searching for John de Stefan Kinsman, avec une roue Cyr dont il a complètement réinventé les formats. Il y a aussi la question de la place des objets du quotidien sur scène. Je pense à Vimala Pons, ou, de façon plus insolite, à Out of the Blue où les deux apnéistes invitent des objets du quotidien dans l’aquarium.

Quel est le volet international de SPRING ?

Y.R. : Je me suis concentrée cette année sur le continent européen, où il y a des artistes de grand talent, notamment suisses. On retrouve à cet endroit des créateurs confirmés, comme Mélissa Von Vépy ou Martin Zimmermann, mais également de jeunes talents comme Marc Oosterhoff qui présente un duo dans une cage en verre ou Julian Vogel qui jongle avec des objets de porcelaine créés spécialement pour le spectacle.

Une autre ligne de force de SPRING 2022 est la mise à l’honneur de circusnext, notamment avec un parcours le long de la Seine…

Y.R. : Le cirque émergent doit beaucoup de choses à circusnext : en 20 ans, circusnext a fait naître des compagnies incroyables, il était impensable de ne pas lui rendre hommage à l’occasion de son anniversaire. En même temps, c’est une occasion de réaliser un vieux rêve : associer une dimension touristique au festival, proposer de découvrir la Normandie en même temps qu’on découvre le cirque. De manière ludique, il est possible de combiner spectacles et balades à vélo le long des berges de la Seine, qui sont magnifiques. De Croûte de la compagnie Defracto à Paris jusqu’à Zugzwang du Galactik Ensemble au Volcan au Havre, ces haltes se font en complicité avec plusieurs générations d’artistes issus de circusnext.

Propos recueillis par Mathieu Dochterman