Festival Le Temps d’Aimer la Danse 2022

« Besoin d’oublier les soucis dont nous avons pris l’habitude, […] de se réjouir à la fois l’esprit et les yeux, […] de bouger librement sur un rythme ou sur un autre » ? C’est à ces nécessités plus que jamais impérieuses et joliment exprimées par Thierry Malandain que la nouvelle édition du Temps d’Aimer la Danse répond. Pour ce faire, le chorégraphe a invité une trentaine de compagnies à s’emparer de Biarritz et d’une dizaine de villes partenaires dans un foisonnement d’esthétiques et de propositions.  Martin Harriague, son talentueux protégé qui fut jusqu’à l’année dernière associé au Malandain Ballet, y crée Starlight, un solo entre danse et concert et, invité par le collectif basque Bilaka, fait résonner avec notre actualité le bombardement de Guernica. François Chaignaud s’associe à Geoffroy Jourdain pour Tumulus, qui met en scène « une procession infinie de treize corps chantant et dansant ». Un focus Caraïbes / Pays Basque signe la première d’un nouveau rendez-vous « artistes en territoire(s) » mettant l’accent sur les répertoires traditionnels et donne l’occasion de découvrir, outre des troupes basques régulièrement invitées, des compagnies créoles comme celles de Chantal Loïal ou Léo Lérus.

Six grands ballets européens

Mais s’il est une ligne de force dans ce programme tout aussi réjouissant qu’éclectique, c’est la présence en nombre de grands ballets. Le festival s’ouvre en effet par les Mythologies savamment orchestrées par Angelin Preljocaj pour ses danseurs et ceux du Ballet de Bordeaux. Le Ballett X Schwerin, compagnie allemande dirigée par Xiena Wiest qui fut la première lauréate du Concours de jeunes chorégraphes de Ballet organisé à Biarritz, propose la première française de Nacht ohne Morgen (La nuit dans matin). Le Ballet de Lorraine présente un épatant programme composé de Static Shot de Maud Le Pladec et de Twelve Ton Rose de Trisha Brown, puis une performance électrique et déjantée qui « dézingue les règles du football à coup de chorégraphies free style ». Le Ballet du Grand Théâtre de Genève propose deux pièces phares du répertoire de son nouveau directeur Sidi Larbi Cherkaoui : Faun et Noetic. Last but not least, Le Ballet de Biarritz démontre en interprétant Mozart à 2 et Beethoven 6 toute la science musicale de Thierry Malandain.

Delphine Baffour