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Danse - Entretien / Jo-Ann Endicott
Elle fut l’une des danseuses emblématiques du Tanztheater Wuppertal. Jo Ann Endicott a transmis à des interprètes de quatorze pays d’Afrique l’essence du Sacre du printemps chorégraphié par Pina Bausch en 1975. La Pina Bausch Foundation et l’École des Sables dirigée par Germaine Acogny, avec le soutien et la forte implication du Théâtre de la Ville, se sont associées pour donner naissance à ce formidable projet.
Est-il difficile de transmettre un chef-d’œuvre comme Le Sacre du printemps de Pina Bausch ?
Jo Ann Endicott : Pour un danseur, Le Sacre est une expérience inoubliable, c’est une des pièces les plus exceptionnelles que l’on puisse danser. Dans cette pièce, vous sentez chaque os de votre corps, chaque pore de votre peau, et même vos poils qui se hérissent ! Vous vous sentez appartenir pleinement à un collectif, à un groupe. Pour moi qui ai dansé les pièces de Pina pendant quarante ans, transmettre Le Sacre est évidemment très fort. Quand vous transmettez une telle œuvre à quelqu’un, vous savez que le mouvement doit venir de ce que l’on ressent, et vous savez aussi ce à quoi ça doit ressembler. C’est une expérience très intense. Vous voulez tellement que les danseurs et danseuses comprennent toutes les nuances, toutes les couleurs, toutes les émotions que vous traversez, que c’est comme si vous leur prêtiez la moitié de vous-même, jusqu’à ce que vous soyez sûre qu’ils possèdent vraiment la pièce.
Comment cela s’est-il déroulé à l’École des Sables pour monter cette nouvelle version ?
J.A. E. : Tout a commencé comme une audition, qui a duré trois semaines. Nous avions devant nous environ 173 danseurs à regarder et nous avons choisi dix-neuf filles et dix-neuf garçons. C’était incroyable de regarder ces corps différents, si volontaires et athlétiques pour danser cette pièce. Dans Le Sacre du printemps, il y a beaucoup de mouvements en l’air qui finissent dans le sol, qui pourraient s’apparenter à la danse africaine dans la prise de risque. En tout cas, ils ont très vite intégré ce genre de mouvements. Mais Le Sacre, ce n’est pas que ça, la pièce comporte des lignes et des formes très précises, et nous avions peur de manquer de temps pour leur transmettre. Jusqu’à présent, nous avons toujours remonté cette pièce bien sûr pour le Tanztheater qui a travaillé la gestuelle de Pina Bausch pendant des années, ou pour des compagnies constituées comme l’Opéra de Paris. Là il s’agit de danseurs qui n’appartiennent pas à une troupe, vous devenez ainsi leur repère tout le temps de la danse et de la répétition, et vous voulez leur dire autant de secrets que vous pouvez pour les aider à réussir à trouver ce qu’ils ont besoin d’être à la fin. Si la chorégraphie est la même, il y a tant de nuances que ce n’est jamais la même pièce.
Quelles doivent être à vos yeux les qualités requises pour remonter une pièce d’une créatrice comme Pina Bausch, aujourd’hui disparue ?
J.A. E. : La qualité la plus forte, si tant est que je puisse la revendiquer, est d’être humaine. Et j’ai toujours essayé d’être heureuse, d’avoir un peu de joie dans le travail, même si je peux être une professeure très stricte et exigeante. Dans ma vie professionnelle, j’ai jonglé entre être chez moi, aller à Wuppertal, en apportant à chaque fois quelque chose de l’ordre de la normalité. Ce qui est sûr, c’est que j’aime aider les gens à être bons, au mieux de leurs possibilités.
Propos recueillis par Agnès Izrine.
du lundi au vendredi à 20h, samedi et dimanche à 19h. Relâche les 22 et 26. Tél : 01 40 03 75 75. Durée : 1h35 (spectacle couplé avec Common Grounds).
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