La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Faut pas payer !

Troisième édition de ce festival circassien où neuf spectacles essaiment dans les villes d’Arnouville-lès-Gonesse, Eaubonne, Fosses, Gonesse, Bezons, Marly-la-Ville, et Villiers-le-Bel.

Publié le 10 avril 2007

Faut pas payer ! de Dario Fo dans la mise en scène de Jacques Nichet est
un bijou à ne rater sous aucun prétexte

Pour qui ne se souvient pas exactement de la teneur qualitative d’une bonne
farce? un comique bouffon, satirique, fondé sur des procédés assez grossiers
comme les jeux de scène, les calembours, les quiproquos’ un seul conseil : aller
découvrir illico presto Faut pas payer ! de Dario Fo dans la mise en
scène de Jacques Nichet. Une pièce écrite lors des luttes ouvrières à Milan en
74, à l’époque des premières délocalisations, qui répond à la campagne d’auto-réduction
des factures en période d’inflation. Avec l’esprit du collectif théâtral fondé
par Dario Fo et Franca Rame, attentif à la discussion et à l’intervention dans
les luttes locales. Des bateleurs dans l’âme qui courent d’une usine en grève à
un meeting politique. Faut pas payer ! est un slogan de femmes affamées
et en colère devant la flambée des prix. Elles raflent dans l’anarchie d’un
supermarché n?importe quel produit alimentaire dont du millet pour canards, et
refusent de passer par la caisse. La ménagère réagit en responsable mature d’un
porte-monnaie misérable : ? J’ai bataillé contre moi-même : on paye plus,
faut pas payer ! Entre-temps la police est arrivée, un frémissement de
plastiques, je te dis pas. Tout le monde tremblait, on faisait honnête : on
aurait dit des ministres pris la main dans le sac’
 ? La police poursuit les
voleuses malgré elles jusque dans leur immeuble. Reste à cacher le butin contre
la menace des perquisitions.

Une histoire à dormir debout, invraisemblable, excessive, extravagante et
macabre?

Pour Antonia, l’héroïne fulgurante, qu’interprète avec un brio à couper le
souffle, Marie-Christine Orry, il s’agit de se cacher de son militant de mari,
Giovanni, ouvrier communiste maladivement ? honnête ? qui ne saurait souffrir
nul débordement extrémiste alors que son copain, Luigi, est plutôt gaucho. Et
c’est la jeune épouse de ce dernier, Margherita ?Agathe Molière en nonchalante
et négligée-, amie de l’égérie révolutionnaire, qui, sous le prétexte d’une
grossesse inventée, cachera sous ses robes le butin superfétatoire que le
dessous du lit familial de sa voisine n?a pu celer entièrement. D’un mensonge
féminin à l’autre, on en arrive aux risques majeurs d’une grossesse prématurée !
Une histoire à dormir debout, invraisemblable, excessive, extravagante et
macabre, qui donne la parole aux plus modestes qui ont? bas social oblige
– difficilement droit de cité. Faut-il agir individuellement ou collectivement,
directement ou par les urnes ? Le débat est ouvert et la fête commence avec
Jacques Nichet et sa troupe de fieffés comédiens. Entre le linge qui sèche sur
le fil et le frigo vide dans la cuisine, entre les salades qui montent? au
propre et au figuré-, et un placard de contrition pour maris désavoués, les
femmes prennent le pouvoir. Une seule solution, la récupération des commissions.
Et que les hommes marchent droit ! Avec Pierre Baux, Stéphane Facco et Dominique
Parent, c’est fait …

Véronique Hotte

Faut pas payer !

De Dario Fo, texte français de Valeria Tasca et Toni Cecchinato, mise en
scène de Jacques Nichet, du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 15h30, relâche
lundi, du 25 au 29 avril 2007, du 2 au 26 mai 2007

à 20h30 , sauf le dimanche à 15h30grande salle. Relâche le lundi au Théâtre
de Nanterre_Amandiers 7, avenue Pablo Picasso 92 Nanterre Tél : 01 46 14 70 00

www.nanterre-amandiers.com

A propos de l'événement


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