Je danse parce que je me méfie des mots
Un portrait intimiste dans lequel Kaori Ito [...]
Un mois de danse dans sept lieux différents : un foisonnement que l’on retrouve aussi dans les projets, parmi lesquels huit créations. Le festival poursuit son soutien aux jeunes auteurs, tout en retrouvant des chorégraphes émérites et pourtant rares.
Il aura fallu un grand format pour ouvrir le festival, dans la sensualité et la puissance des corps féminins chorégraphiés par Hélà Fattoumi et Eric Lamoureux. Masculines a été créé en 2013, confrontant sept danseuses aux représentations stéréotypées de la femme. Comment, aujourd’hui, résonnera ce Bain Turc où la lascivité peu à peu laisse place au corps guerrier ? Cette édition marque le retour d’Arthur Pérole, jeune chorégraphe présent l’an passé avec sa pièce Stimmlos mêlant Wagner et romantisme noir. Aujourd’hui, il creuse le lien entre le créateur et sa muse à travers Scarlett, pièce pour quatre danseurs. Vaste sujet pour un chorégraphe, qui trouve son inspiration dans le corps des autres. Chez Daniel Dobbels, où le solo a toujours pris une place importante, on remarque que les interprètes féminines portent l’empreinte du créateur, et reviennent peupler ses créations de leurs présences remarquables. On retrouve donc pour sa nouvelle pièce Carole Quettier, inoubliable Fille qui danse en 2012, et qui devient l’élue d’un nouveau Sacre, dessinant des forces en sommeil et des rituels en devenir dans L’autre éveil. Au cœur de la soirée dédiée au chorégraphe, Igor Stravinsky est le fil rouge qui offre à L’effroi, dansé par Marine Chesnais, un éclat particulier.
La place forte des interprètes
De singuliers duos jalonnent également le festival. Daniel Léveillé a fait appel à une physicalité particulière pour ses Solitudes duo, comme une succession de tandems aux corps à corps bruts et sans fard. Quant à Nans Martin, jeune chorégraphe au parcours atypique, il révèle un programme de trois duos à travers parcelles, sa nouvelle création. Ici, la rencontre avec le corps de l’autre devient le révélateur d’une danse composée à partir de son influence, et en constante évolution. On terminera le festival par la belle Ritournelle chorégraphique de Geisha Fontaine et Pierre Cottreau. A la faveur d’une petite danse sans prétention mais prompte à traverser les années dans le corps de la danseuse, les voilà qui réinterrogent le temps et les espaces avec d’autres interprètes. Le ton est enjoué et léger mais les enjeux de transmission puissants et captivants.
Nathalie Yokel
Tél. : 01 72 38 83 77. www.faitsdhiver.com
Un portrait intimiste dans lequel Kaori Ito [...]