Pourpre d’Isabelle Fruleux interroge la « virilité de la rue »
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Exil intérieur inaugure la série Flammes de sciences que La Reine Blanche consacre aux femmes scientifiques. Premier épisode avec Lise Meitner, la mère de la fission, oubliée par l’histoire.
Après Lise Meitner, suivront Jocelyn Bell, Rosalind Franklin et Marthe Gautier. Elisabeth Bouchaud a le projet de rendre hommage aux grandes scientifiques spoliées ou écartées par les hommes, qui ont refusé de partager avec elles les hochets de la renommée et la gloire de la reconnaissance publique. La directrice de la Reine Blanche met ainsi son théâtre au service de la cause des femmes, pour redresser les torts subis par celles qui avaient le défaut d’avoir une matrice en plus d’un cerveau. Lise Meitner est une physicienne autrichienne qui dut quitter son pays natal, où toute perspective de carrière universitaire lui était interdite, puisqu’elle était une femme. Arrivée à Berlin en 1907 pour y suivre les cours de Max Planck, elle rencontra Otto Hahn, jeune chimiste prometteur, avec lequel elle travailla pendant trente ans. La pièce d’Elisabeth Bouchaud démarre en 1933, quand les juifs commencent d’être inquiétés en Allemagne. L’intrigue se déploie autour des relations entre la physicienne et le chimiste.
Neutrons et interactions
Le biopic s’accommode avec bonheur de la leçon d’histoire des sciences. On suit les étapes de la découverte de la fission nucléaire en même temps que les déboires de la physicienne d’origine juive, contrainte à la démission et à l’exil. Benoit Di Marco incarne Otto Hahn. Il compose avec une subtile retenue celui dont Einstein disait qu’il fut « l’un des rares à se tenir droit et à faire de son mieux pendant ces années de mal », mais qui n’eut pas l’élégance d’associer Lise Meitner à la publication de ses travaux et à la renommée du Prix Nobel. Elisabeth Bouchaud joue la scientifique flouée. À leurs côtés, Imer Kutllovci rend très sympathique Otto Frisch, le neveu de la physicienne, qui travailla aussi avec elle, et eut, avec elle, l’idée que les noyaux d’uranium étaient sécables. La scénographie de Luca Antonucci permet aux trois comédiens d’évoluer de la joie du laboratoire à la douleur de l’exil. On suit, pas à pas, « la physicienne qui n’a jamais perdu son humanité », comme le fit graver Otto Frisch sur la tombe de sa tante. Une intéressante leçon de choses et une édifiante leçon de morale.
Catherine Robert
Dates et horaires sur www.reineblanche.com/calendrier. Tél. : 01 40 05 06 96. Durée : 1h35.
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