« Fatéma Mernissi / Harems », Anne-Laure Liégeois nous fait découvrir l’œuvre de Fatéma Mernissi
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Pauline Bayle puise dans l’œuvre de Virginia Woolf pour raconter le destin d’une bande d’amis, entre éblouissement de l’enfance et désenchantement de l’âge adulte. Apprendre, comprendre, aimer, quand on peut, avant de mourir, puisqu’il le faut…
Pourquoi Virginia Woolf ?
Pauline Bayle : Virginia Woolf est une autrice que je fréquente depuis très longtemps. En mars 2020, alors que je devais animer un atelier à l’École du Nord, je suis partie me confiner avec Les Vagues, que je pensais une belle matière à travailler avec des jeunes. Me replonger dans cette lecture en ce moment très chaotique où l’on avait l’impression que notre vie nous échappait, m’a captivée. J’avais alors la sensation de devenir la spectatrice de ma propre vie : la manière dont Virginia Woolf convoque les forces inexorables qui définissent la condition humaine (le temps qui passe, la solitude, la mort qui scelle notre destin) résonnait particulièrement avec la situation que je vivais. Les personnages des Vagues empoignent ces forces pour les défier. Comment s’en emparer et y résister ? Comment créer une permanence au milieu de ces forces chaotiques ? Virginia Woolf, qui a vécu plusieurs deuils successifs en une dizaine d’années pendant son adolescence, a traversé, de la Première Guerre mondiale à son suicide en 1941, une période de très grande instabilité politique. De ce chaos intime et politique, elle fait une matière d’écriture.
Comment l’adapter ?
P.B. : En me plongeant dans toute son œuvre, des romans aux essais, et en gardant la structure des Vagues, celle d’un roman d’apprentissage, qui, de l’enfance aux désillusions de l’âge adulte, montre comment, sur le chemin fiévreux des possibles, on est percuté de multiples manières au niveau intime et politique et comment on creuse néanmoins la veine de ce qu’on était appelé à devenir. Pour ce faire, deux auxiliaires sont indispensables : le langage, qui est la voix de salut de la communication entre les êtres, et l’amitié, dont le Bloomsbury group, ce phalanstère peuplé d’amis, est le parangon. Ces deux lignes de force composent une matière de théâtre extraordinaire.
Que montre la pièce ?
P.B. : La situation de départ est celle d’une fête où les invités attendent le retour d’un ami. Cette fête permet d’incarner la fièvre de la jeunesse et les rêves de chacun au moment où ils deviennent possibles. À ce moment, le temps de la fiction et celui de la représentation sont alignés. S’insèrent alors des sortes de brèches : des retours en arrière où l’on découvre comment les personnages sont devenus ce qu’ils sont, et des percées dans leurs mondes intérieurs, en suivant le stream of consciousness typique de l’écriture de Virginia Woolf. Le deuxième acte est celui de la vieillesse, qui commence avec la confrontation à la mort et n’est pas seulement une question d’âge. On peut voir là une continuité avec les thèmes d’Illusions perdues, à ceci près que ce spectacle montrait la découverte d’un milieu là où Écrire sa vie est une quête de sens. Comment écrire quand le futur n’existe pas, quand l’incertitude et le chaos entravent le désir ? Comment parvenir à faire entendre sa voix ? Écrire sa vie est peut-être plus intime, mais il est tout autant politique.
Propos recueillis par Catherine Robert
à 22h ; relâche le 11. Tél. : 04 90 14 14 14. Durée : 2h.
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